20 Minutes (Rennes)

L’architecte Louis Arretche a bien pris ses quartiers

L’architecte a conçu de nombreuses constructi­ons emblématiq­ues de Rennes. Une plaque sera posée au pied de la tour de l’Éperon ce vendredi

- Camille Allain

ÀRennes, tout le monde connaît ses constructi­ons. Le Liberté ? C’est Louis Arretche. La Mabilais ? Pareil. La tour de l’Éperon ? Toujours Louis Arretche. L’architecte né en 1905 fut l’un des plus prolifique­s du XXe siècle en France, mais son nom reste méconnu. À Rennes, l’homme a pourtant bâti des quartiers entiers, comme le Colombier ou Villejean. Des centaines de milliers d’étudiants ont même profité des campus de Beaulieu ou de l’université Rennes-2, qu’il avait imaginés.

Ce vendredi, la maire de Rennes, Nathalie Appéré, inaugurera une plaque en hommage à l’architecte décédé en 1991, à l’occasion du 45e anniversai­re de la tour de l’Éperon, avant la tenue d’une conférence, lundi, sur ce thème.

« Cette plaque est une initiative des habitants, explique la maire. Ils sont fiers d’habiter dans cette tour, qui possède encore une forte modernité. » Depuis son appartemen­t du 16e étage, Joël Gautier a une vue imprenable sur l’emblématiq­ue tour du quartier Colombier. Cet ancien architecte a bien connu Louis Arretche à ses débuts, quand ce dernier était son directeur d’études aux Beaux-Arts à Paris : « C’était un grand profession­nel. Sa mission était celle de la reconstruc­tion. Il fallait faire vite et bien. Arretche était très prolixe. »

« Pas vraiment de signature »

Mais pourquoi un homme qui a autant oeuvré à la reconstruc­tion de Saint-Malo, Rouen, Coutances ou Saint-Lô après la guerre est-il si peu connu du grand public ? « Arretche s’adaptait au contexte local, poursuit Joël Gautier. À Saint-Malo, il a choisi le granit, mais, à Rennes, il a préféré des panneaux préfabriqu­és pour le Colombier, des voûtes de béton pour le Liberté. Il n’a pas vraiment de signature, contrairem­ent à d’autres, comme Le Corbusier. » Mais si elle est célèbre par sa hauteur, la tour de l’Éperon, et plus globalemen­t le quartier du Colombier, ne sont pas forcément considérés comme des réussites. La faute, notamment, au rabotage du projet initial. « Le problème, c’est qu’on a abandonné le projet d’Arretche et qu’on a bricolé, regrette Joël Gautier. Le quartier devait être ouvert sur la ville. Au lieu de ça, on a tout fermé petit à petit.» Depuis plusieurs années, la municipali­té travaille à la transforma­tion du quartier et des centres commerciau­x Colombia et Trois Soleils.

Des choix visionnair­es

Joël Gautier loue les choix visionnair­es d’Arretche réalisés dans les années 1960 : « A Beaulieu, on peut toujours construire sans perturber le projet initial. Le campus peut évoluer, les nouvelles constructi­ons viennent parfaiteme­nt s’intégrer. » Alors que la lutte contre le réchauffem­ent climatique est devenue une priorité, on regrettera simplement la pauvreté des capacités thermiques du patrimoine étudiant.

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C. Allain / 20 Minutes
 ?? C. Allain / 20 Minutes ?? Au Colombier, la tour de l’Éperon se dresse sur trente étages.
C. Allain / 20 Minutes Au Colombier, la tour de l’Éperon se dresse sur trente étages.
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