Les prévisions météo naviguent moins à vue grâce à la reprise du trafic aérien
La chute du trafic aérien mondial, due à la pandémie de Covid-19, a affecté la fiabilité des bulletins météo
Depuis le début de la pandémie de Covid-19, avoir une idée précise du temps qu’il fera dans quelques jours semble plus difficile. Pourquoi ? Les avions collectent de précieuses données, utilisées par les prévisionnistes. Or, avec la chute du trafic aérien mondial, la crise sanitaire a perturbé leur travail. La reprise progressive des vols commerciaux marquera-t-elle le retour de prévisions météo plus fiables ?
Pression, température, vent… Les météorologistes ont recours aux mesures prises par les instruments de bord des avions pour établir leurs prévisions, indique Météo-France. C’est le système Amdar, de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), qui recueille ces données et les transmet à des stations au sol. Amdar transmet quotidiennement plus de 800 000 observations. Tout cela grâce à un réseau de « 43 compagnies aériennes et plusieurs milliers d’avions ».
Mais ça, c’était avant que le trafic aérien mondial régresse de 75 % à 90 %. « Avec l’effondrement du trafic, on a perdu deux à trois jours de fiabilité sur nos prévisions à dix jours, explique Paul Marquis, météorologue indépendant et fondateur du site E-Meteo Service. Depuis plus d’un an, on a du mal à faire des prévisions fiables à plus de 90 % au-delà de cinq jours. » « Écolo dans l’âme, le météorologiste que je suis attend tout de même avec impatience que le trafic aérien reprenne, confie Paul Marquis. Déjà, depuis le début du mois de juin [marqué par l’assouplissement des restrictions sanitaires et une petite reprise du trafic aérien], on a regagné vingt-quatre heures de fiabilité. » Toutefois, si l’OMM reconnaît que les données issues des avions sont « un des principaux éléments » permettant de prévoir le temps, elle rappelle aussi qu’elles peuvent « disparaître » en fonction des circonstances (ici, la pandémie). D’où son appel à « disposer de systèmes complémentaires, (…) même lorsque la crise du Covid-19 appartiendra au passé ».
« On a du mal à faire des prévisions fiables au-delà de cinq jours. » Paul Marquis, météorologue