« Repenser un système basé sur la quantité »
Directrice de CIWF France, Léopoldine Charbonneaux lutte contre l’élevage en cage, sujet sur lequel la Commission européenne statuera ce mercredi
Trois cents millions d’animaux jouent gros ce mercredi à Bruxelles. Ce sont les bêtes élevées en cage au sein de l’Union européenne. En septembre 2018, une coalition de 170 ONG avait lancé une initiative citoyenne européenne (ICE), qui permet de contraindre la Commission européenne à légiférer sur un sujet donné. En l’occurrence, la fin des élevages en cage. Léopoldine Charbonneaux, directrice de CIWF France, association qui a coordonné la campagne dans l’Hexagone, a de bonnes raisons d’être confiante.
Pourquoi avoir choisi d’axer cette ICE sur la question des cages ?
Le confinement des animaux, dont la cage est le symbole le plus fort, est un des éléments essentiels de l’élevage intensif. Souvent, même, la cage est ce qui lui permet de fonctionner. Toutes filières confondues, plus de 300 millions d’animaux passent une partie importante de leur vie, si ce n’est toute leur vie, en cage.
Qu’attendez-vous de la Commission européenne ?
On aimerait que sa recommandation comprenne au moins une révision de la directive 98/58/CE – la directive générique sur les animaux de ferme – pour y inscrire que les cages sont interdites dans tous les élevages. Avec une date butoir annoncée pour que les filières prennent réellement conscience qu’elles vont devoir évoluer. Nous aimerions 2027. Il faut rester prudents, mais nous avons noté des signaux positifs ces derniers mois dans le sens d’une réponse forte de Bruxelles. L’enjeu ne semble plus tant de savoir si la Commission va interdire les élevages en cage, mais quand et comment elle va le faire.
Mais peut-on se passer d’élevage en cage d’ici à 2027 ?
Oui, il y a des alternatives pour toutes les espèces pour lesquelles il existe de l’élevage en cage. L’interdire peut être la première étape dont on a besoin pour repenser un système basé sur la quantité, que nous avons adopté après-guerre, lorsque l’Europe avait faim. Ce système est devenu aberrant. Il faut produire mieux, quitte à produire moins. Il faudra mettre en place des mesures d’accompagnement des éleveurs. Il faut aussi s’attendre à des répercussions sur les prix. Mais, à partir du moment où il y a un étiquetage clair, on observe un consentement des consommateurs à payer un peu plus cher leurs produits.