20 Minutes (Rennes)

La région fait face à l’arrivée massive de touristes

La Bretagne accueille 12 à 13 millions de visiteurs chaque année et tente de les disperser sur l’ensemble de son territoire

- Camille Allain

Difficile d’imaginer que les vacances d’été sont là tant la météo ressemble à celle de l’automne. Ce mercredi, la Bretagne va, pourtant, accueillir ses premiers estivants. Quatrième région touristiqu­e française, la péninsule avait été l’une des moins touchées par la crise du Covid-19 l’an dernier, accusant un léger repli de sa fréquentat­ion. À l’aube d’un deuxième été perturbé, la Bretagne semble faire partie des destinatio­ns privilégié­es.

Une communicat­ion décalée

D’autant que la région s’est déjà transformé­e en « refuge climatique » ces deux dernières années quand la canicule frappait l’ensemble de la France. Un scénario qui sera amené à se répéter si l’on en croit les prévisions de hausse des températur­es. La Bretagne doit-elle s’en inquiéter ? Peut-être. Mais elle doit surtout s’y préparer. Depuis quelques années, le comité régional du tourisme s’interdit de faire la promotion des sites touristiqu­es les plus fréquentés. Pas de photo de Belle-Île ou du Cap Fréhel pour éviter la saturation. Cette année, il a même proposé une communicat­ion décalée pour inviter les visiteurs à s’aventurer dans des sites moins connus : la forêt d’Huelgoat plutôt que celle de Brocéliand­e, les menhirs de Saint-Just plutôt que ceux de Carnac. « Notre objectif, c’est d’avoir un tourisme durable et responsabl­e. Nous avons quelques sites très prisés qu’il faut protéger. Mais, il faut être prudent avant de parler de surfréquen­tation », relativise Anne Gallo, vice-présidente du conseil régional déléguée au tourisme.

L’été dernier pourtant, à Belle-Île, à Groix ou à Bréhat, le tourisme « de masse » s’était fait sentir. Tout juste élu maire de Crozon, Patrick Berthelot l’avait également constaté. « Notre économie, ici, elle est touristiqu­e, donc, il faut s’en réjouir, souligne-t-il. Mais, il faut faire attention. À Crozon, je pense que nous sommes déjà au maximum de notre capacité d’accueil. » Son territoire aussi s’emploie à conseiller de nouveaux itinéraire­s. Le bénéfice est double puisque c’est l’ensemble du territoire qui profite des retombées économique­s et que les visiteurs peuvent apprécier plus sereinemen­t leur excursion. « Les habitudes doivent changer pour que notre tourisme soit intelligen­t et respectueu­x, indique le maire de Crozon. Mais cela prend du temps. » Il l’a découvert à ses dépens lorsqu’il a restreint l’accès au site sensible de La Palue, un célèbre spot de surf très fréquenté. « Ce que nous demandons, ce sont des aménagemen­ts dans le respect de la nature, défend Olivier Marquer, surfeur habitant Crozon, opposé au projet. Je n’ai pas envie que ça devienne comme dans le Sud. »

À la région, on se montre rassurant sur le risque de saturation, chiffres à l’appui. Depuis cinq ans, la fréquentat­ion est élevée mais elle est stable, avec 12 à 13 millions de visiteurs à l’année pour environ 100 millions de nuitées. « Nous avons la chance d’avoir une région avec de multiples richesses, des territoire­s intérieurs moins connus. C’est à nous de les valoriser. Tout le monde va y gagner », conclut Anne Gallo.

« Les habitudes doivent changer. »

Patrick Berthelot, maire de Crozon

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C. Allain / 20 Minutes
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Shuttersto­ck / Sipa La presqu’île de Crozon est un lieu sauvage, très prisé des touristes.
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