La région fait face à l’arrivée massive de touristes
La Bretagne accueille 12 à 13 millions de visiteurs chaque année et tente de les disperser sur l’ensemble de son territoire
Difficile d’imaginer que les vacances d’été sont là tant la météo ressemble à celle de l’automne. Ce mercredi, la Bretagne va, pourtant, accueillir ses premiers estivants. Quatrième région touristique française, la péninsule avait été l’une des moins touchées par la crise du Covid-19 l’an dernier, accusant un léger repli de sa fréquentation. À l’aube d’un deuxième été perturbé, la Bretagne semble faire partie des destinations privilégiées.
Une communication décalée
D’autant que la région s’est déjà transformée en « refuge climatique » ces deux dernières années quand la canicule frappait l’ensemble de la France. Un scénario qui sera amené à se répéter si l’on en croit les prévisions de hausse des températures. La Bretagne doit-elle s’en inquiéter ? Peut-être. Mais elle doit surtout s’y préparer. Depuis quelques années, le comité régional du tourisme s’interdit de faire la promotion des sites touristiques les plus fréquentés. Pas de photo de Belle-Île ou du Cap Fréhel pour éviter la saturation. Cette année, il a même proposé une communication décalée pour inviter les visiteurs à s’aventurer dans des sites moins connus : la forêt d’Huelgoat plutôt que celle de Brocéliande, les menhirs de Saint-Just plutôt que ceux de Carnac. « Notre objectif, c’est d’avoir un tourisme durable et responsable. Nous avons quelques sites très prisés qu’il faut protéger. Mais, il faut être prudent avant de parler de surfréquentation », relativise Anne Gallo, vice-présidente du conseil régional déléguée au tourisme.
L’été dernier pourtant, à Belle-Île, à Groix ou à Bréhat, le tourisme « de masse » s’était fait sentir. Tout juste élu maire de Crozon, Patrick Berthelot l’avait également constaté. « Notre économie, ici, elle est touristique, donc, il faut s’en réjouir, souligne-t-il. Mais, il faut faire attention. À Crozon, je pense que nous sommes déjà au maximum de notre capacité d’accueil. » Son territoire aussi s’emploie à conseiller de nouveaux itinéraires. Le bénéfice est double puisque c’est l’ensemble du territoire qui profite des retombées économiques et que les visiteurs peuvent apprécier plus sereinement leur excursion. « Les habitudes doivent changer pour que notre tourisme soit intelligent et respectueux, indique le maire de Crozon. Mais cela prend du temps. » Il l’a découvert à ses dépens lorsqu’il a restreint l’accès au site sensible de La Palue, un célèbre spot de surf très fréquenté. « Ce que nous demandons, ce sont des aménagements dans le respect de la nature, défend Olivier Marquer, surfeur habitant Crozon, opposé au projet. Je n’ai pas envie que ça devienne comme dans le Sud. »
À la région, on se montre rassurant sur le risque de saturation, chiffres à l’appui. Depuis cinq ans, la fréquentation est élevée mais elle est stable, avec 12 à 13 millions de visiteurs à l’année pour environ 100 millions de nuitées. « Nous avons la chance d’avoir une région avec de multiples richesses, des territoires intérieurs moins connus. C’est à nous de les valoriser. Tout le monde va y gagner », conclut Anne Gallo.
« Les habitudes doivent changer. »
Patrick Berthelot, maire de Crozon