« Sentence irrévocable », « poteaux », « totem »... Le vocabulaire de l’émission a su gagner la société
Instagram ou Twitter ont changé le comportement des candidats de « Koh Lanta » les plus récents et creusé le fossé entre deux générations
Lorsque Coumba pose les pieds en Nouvelle-Calédonie pour son premier « Koh-Lanta » en 2005, YouTube vient à peine de naître. Quand Christelle se rend aux Philippines pour participer au jeu de TF1 en 2008, Instagram n’existe pas. À l’inverse, au moment où Clémentine devient finaliste du programme, en 2017, la haine s’étend sur Twitter. « Il y a vraiment un décalage entre l’ancienne et la nouvelle génération d’aventuriers, analyse Jade. On n’a pas la même approche. » La raison ? Le poids des réseaux sociaux.
« Avant, les gens y allaient et jouaient le jeu à fond, admet Cindy. Aujourd’hui, tu fais toujours un peu attention parce que c’est tellement violent que tu n’es jamais préparée. » Un constat que partage Clémentine, cible du Net lors de sa première participation à l’émission, en expliquant avoir dû « tourner [sa] langue sept fois dans [sa] bouche avant de dire les choses ».
Outre la peur des représailles sur les réseaux sociaux, certains candidats et candidates estiment que d’autres participent en partie à l’aventure pour s’afficher en prime time devant 6 millions de personnes. « Il y a beaucoup de personnalités show off [qui friment], il y a moins ce naturel de la personnalité, assure Jade. Tu as été casté parce que tu as une personnalité comme celle-là et on attend de toi que tu sois comme ça et pas dans la retenue. »
Pas comme les autres téléréalités
Lorsqu’on lui rapporte ces propos, le maître du jeu, Denis Brogniart, semble étonné : « Je pense que c’est vrai avant et après, ce n’est pas vrai pendant. C’est tellement dur que tu ne fais pas attention à ton apparence physique. » Toutefois, l’animateur le reconnaît : certains en profitent pour capitaliser sur leur image à travers les réseaux sociaux. « Cindy, elle vit grâce à ça aujourd’hui, témoigne-t-il. Elle ne s’en cache pas, parce que c’est devenu un métier. »
La productrice, Alexia Laroche-Joubert, explique que « Koh-Lanta » relève d’un « état d’esprit différent » des autres émissions de téléréalité : « C’est quand même très loin de tout ce que l’on connaît dans les castings de téléréalité où, pour le coup, c’est leur métier. » Parmi tous les aventuriers et toutes les aventurières ayant déjà participé à l’émission, une quinzaine ont dépassé les 200 000 abonnés sur Instagram et une seule, Jesta, compte plus de 1 million de followeurs.
« Des décisions faussées »
Selon Jade, « les décisions sont complètement faussées » à cause des réseaux sociaux. Parmi les phrases que l’on pouvait entendre pendant les tractations sur le camp, la candidate rapporte des propos qui pourraient s’apparenter à des menaces : « Attention à ce que tu fais contre moi, tu vas te faire lyncher après » ou « si tu essaies de m’éliminer, peut-être que ma communauté pourrait mal le prendre ».