Avec ses micropousses, une ferme récolte les fruits du succès
A Vern-sur-Seiche, la ferme du Crapaudel s’est spécialisée dans cette culture de petits légumes aux goûts puissants
«Ça, c’est notre piment à nous. » Matilde nous avait prévenus. Les jeunes pousses de moutarde qui s’épanouissent sous sa serre font l’effet d’une bombe sur la langue. Derrière leur petite taille, tous les jeunes plants qu’elle et son conjoint JS bichonnent au quotidien cachent un goût absolument déroutant. Le tout jeune poireau est aillé, le radis et la roquette piquants, la betterave douce et sucrée. « On pense souvent que les jeunes pousses ne servent que pour la décoration des assiettes. Mais elles ont un goût très puissant, en plus d’être des bombes nutritives », glisse Matilde en cueillant quelques feuilles de chou rouge.
Tombé amoureux au milieu des étals d’un petit marché de la région de Marseille, le couple a quitté la Provence il y a un peu plus d’un an avec l’idée de reprendre la ferme des parents de JS. Une exploitation de plus de 30 hectares où une trentaine de vaches laitières étaient élevées. Pour lancer leur activité, Matilde et JS n’ont pas eu besoin de grand-chose. S’ils disposent d’un hectare où poussent quelques aromatiques et de jolies fleurs comestibles, ils n’utilisent que quelques mètres carrés pour faire grandir leurs plantations. « Nous avions découvert les micropousses chez des amis qui tiennent Le Potager Urbain à Marseille. C’est une agriculture du toutpetit qui nous plaît bien. Ici, on n’a pas besoin de tracteur, ni de grands champs », explique JS. Parents d’un jeune enfant, ces « agriculteurs 2.0 » assument de pouvoir profiter de leurs week-ends et préfèrent s’épargner un travail trop physique.
Succès initial de la vente directe
Pour travailler, le couple ne dispose que d’une serre où poussent leurs tout jeunes plants pendant dix à quinze jours, d’une petite salle de germination et d’une vieille baignoire qui sert de station de lavage et de bain bouillonnant. « Les micropousses sont comme des princesses, elles aiment qu’on les traite avec douceur », glisse Matilde. Réalisées dans un terreau spécifique, ces cultures hors-sol devaient venir garnir les assiettes des restaurants de Rennes. Problème : quand Matilde et JS se sont lancés en mars, la restauration était entièrement fermée, en raison du regain de l’épidémie de Covid-19. « On a ouvert à la vente directe et c’était de la folie, on avait plein de gens curieux qui venaient nous voir. On ne s’attendait pas à ça », raconte Matilde.
La folie s’est depuis envolée et la petite ferme de Crapaudel a pu trouver un rythme plus calme. Le couple en profite pour tester de nouvelles variétés (le catalogue estival en compte déjà 25) et peaufiner sa technique sur certaines plantes capricieuses. Très investis en faveur de la protection de l’environnement, Matilde et JS refusent de chauffer leur unique serre. « Nous voulons suivre la saisonnalité. Ce sont les graines qui décident ». Les restaurants ayant rouvert, la ferme de Crapaudel fournit déjà quelques tables de Rennes et des environs comme Le Coq-Gadby, Le Café Breton ou Petite Nature. Proposées en vente directe à la ferme tous les vendredis après-midi, leurs micropousses seront bientôt présentes au nouveau marché hebdomadaire de Vern, le mardi soir.