Un second tour inédit à plus d’un titre
Cela n’était jamais arrivé depuis l’instauration de l’élection du président de la République au suffrage universel, hors période de cohabitation. Emmanuel Macron devient le premier président de la République à rempiler à l’Élysée, avec près de 59 % des voix, selon les estimations des différents instituts de sondage à l’heure où nous écrivons ces lignes. Pour ce match retour, Emmanuel Macron perd toutefois huit points face à Marine Le Pen par rapport à son score de 2017. Celle qui n’avait rassemblé qu’un tiers des électeurs il y a cinq ans progresse, enregistrant plus de 41 % des suffrages exprimés. « Nos idées arrivent à des sommets jamais atteints lors d’un second tour », a souligné la candidate RN peu après 20 h, osant saluer une « éclatante victoire ».
Jamais le second tour n’avait aussi peu attiré les électrices et les électeurs. Les différents instituts de sondages estiment l’abstention à 28 %, un niveau jamais atteint depuis 1969, alors que la gauche avait boycotté un deuxième tour opposant deux candidats gaullistes. Le « front républicain » contre le Rassemblement national, qui avait conduit à un sursaut de mobilisation au second tour en 2002 et 2017, a beaucoup moins fait recette cette année. Pour son second quinquennat, le président de la République ne pourra donc pas se prévaloir d’un vote massif d’adhésion. « Nombre de nos compatriotes ont voté pour moi pour faire barrage à l’extrême droite, a reconnu Emmanuel Macron dans son discours de victoire au Champ-deMars, à Paris. J’ai conscience que ce vote m’oblige pour les années à venir. »
Les regards tournés vers les législatives
Si le président réélu n’a pas mentionné les élections législatives des 12 et 17 juin, il a bien été le seul. « Avec le score historique de ce soir, nous sommes en bonne position pour obtenir un grand nombre de députés », a déclaré Marine Le Pen, précisant qu’elle conduirait cette campagne. « Le troisième tour commence ce soir ! », a lancé Jean-Luc Mélenchon, qui a fait acte de candidature à Matignon, avant d’appeler à l’union à gauche.