MONEY JUNGLE, NOTRE FEUILLETON
David d’Équainville (éditeur et auteur) et Pascal Henry (journaliste d’investigation et réalisateur) ont raconté dans la saison 1 de Money Jungle, une série librement inspirée de faits réels, les aventures d’une jeune avocate fascinée par les complaisances achetées par l’argent de son employeur milliardaire, l’oligarque Oleg Chestov. Dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la saison 2 suit les traces du milliardaire, occupé à mettre à l’abri sa collection de chefs-d’oeuvre et le reste de sa fortune.
Résumé de l’épisode 8 : depuis Chypre, Oleg Chestov a lancé une opération boursière spéculative sur l’or russe. Elle peut faire de lui un oligarque encore plus puissant. Tout se passe dans la salle de marché privée, installée au Royaume. Chestov compte bien profiter de la guerre et des sanctions occidentales contre son pays pour s’enrichir.
Passer entre les gouttes
« Décidément, pense Oleg Chestov en préparant de nouveau son départ, il y a trop de Russes à Chypre pour que l’île reste oubliée plus longtemps des sanctions des Occidentaux. » Serguey, son associé général espion, lui a raconté la toute récente visite d’une délégation européenne, entièrement composée de techniciens de la finance. Elle rendait compte directement à la patronne de la Banque centrale.
Avec la bénédiction des autorités, ces spécialistes des sociétés offshore avaient passé leur séjour à inspecter le coeur de l’île. Et ce n’était pas le bain de minuit sous la pleine lune, vanté par les offices du tourisme pour trouver l’amour éternel, qui les avait retenus. Ils avaient préféré se concentrer sur les noms des oligarques cachés derrière les compagnies hébergées dans les principaux établissements financiers du pays.
La bonne nouvelle est que leur passage avait épargné les biens de Chestov. « Pour l’instant », se dit Oleg, conscient qu’il faut partir et que les lieux où il est à l’abri se comptent désormais sur les doigts d’une main. Comme pour un bon nombre de ses pairs déjà en fuite, il est urgent de filer. Sa couverture de dissident contre la guerre en Ukraine tient bon, mais nul ne sait pour combien de temps. Personne n’a encore eu l’idée de venir fouiner, vérifier si, d’aventure, il ne serait pas en train de mentir. La prudence l’oblige à plier bagage une nouvelle fois. Direction les Bahamas, Nassau. Le plus logique puisque l’attendent son bateau et ce merveilleux hôtel, Les Falaises bleues, où il a installé des bureaux en prévision de la gestion de ses affaires en crise.
(à suivre)