20 Minutes (Rennes)

Face à l’inflation, une gestion à la Peppa

Malgré une rentabilit­é négative de l’épargne, les Français continuent d’alimenter leur « tirelire »

- Jean-Loup Delmas

Cela n’aura échappé à aucun consommate­ur, les prix montent. La France subit une inflation inédite depuis des décennies, à 4,8 % en rythme annuel à la fin du mois d’avril. Avec quelles conséquenc­es ? « Les périodes d’inflation sont toujours négatives pour l’épargne », explique François Geerolf, professeur d’économie. La logique est simple : prenons le Livret A, qui concerne 55 millions de personnes. Avec un gain annuel de 1 %, pas besoin d’avoir fait maths sup pour comprendre que placer de l’argent là-dessus fait baisser votre pouvoir d’achat, face à une inflation de 4,8 %. Top signal pour que chacun et chacune vide ses comptes bancaires et dépense sans compter, foutu pour foutu ? « Même si cela peut sembler contre-intuitif, voire contre-productif, les Français épargnent beaucoup en période d’inflation », contredit Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne. Ils épargnent même plus de 20 % de leurs revenus bruts disponible­s, selon l’Insee. Un sommet atteint lors de la crise du Covid-19, mais qui ne descend pas malgré les invitation­s du gouverneme­nt à la consommati­on. Au premier trimestre 2022, 12,2 milliards supplément­aires ont été placés sur le Livret A, tandis que 40 % des Français ont une assurance-vie.

Ce phénomène peut avoir une certaine logique, au-delà de la crainte. Olivier Rull, cofondateu­r de Caravel, plateforme de plan d’épargne éthique et solidaire, le fait remarquer : « En période d’inflation, ne pas investir, c’est perdre du pouvoir d’achat. Il est donc sain que les Français placent leur argent, la question est plutôt de savoir où. » Car les bons placements sont rares, attention aux fausses bonnes idées. « Les actions des entreprise­s – et notamment du CAC40 – sont en mauvaise forme et en chute, elles ne représente­nt pas des investisse­ments forcément judicieux », appuie François Geerolf. Petit conseil de Philippe Crevel : « Si on veut vraiment investir, il faut chercher des actions à dividendes pour maximiser ses chances d’avoir des retombées positives. » Miser sur l’or n’est pas forcément, non plus, la solution. « Beaucoup de ménages ont adopté cette stratégie lors du choc pétrolier des années 1980, rappelle Philippe Crevel. Sans résultat : il leur a fallu attendre plus de vingt ans pour que l’or retrouve son niveau. »

Reste l’immobilier. La logique est simple : le prix des loyers va augmenter comme l’inflation. Pas si vite. « Il est possible, voire probable, que l’État décide de geler le prix des loyers, ou au moins de ralentir leur hausse », prévient François Geerolf. Méfiance, donc.

Continuons à claquer

En attendant, rien ne dit que l’inflation s’arrêtera à court terme : « Les différents marchés financiers s’attendent plutôt à une hausse des prix pendant quelques années », enfonce François Geerolf. En conséquenc­e : épargnez, oui, mais n’hésitez pas à dépensez votre argent aussi. Olivier Rull conseille de répartir ses revenus ainsi : 50 % de dépenses obligatoir­es (loyer, nourriture, factures), 30 % de dépenses « accessoire­s » (restaurant, cinéma…) et 20 % d’épargne et d’investisse­ment. Soit quatre cinquièmes de notre argent que l’on claque direct.

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