« Il faut une meilleure gestion des sols »
Florence Habets,
L’hydrogéologue directrice de recherche au CNRS, au laboratoire de géologie de l’École normale supérieure, répond à 20 Minutes à propos des épisodes de sécheresse précoces qui touchent la France.
Faut-il s’attendre à ce que ces épisodes de sécheresses précoces deviennent habituels ?
Clairement, le changement climatique conduit à plus de sécheresses et se traduit aussi par un air de moins en moins humide et des températures plus élevées, ce qui accroît l’évaporation. Même là où il pleut beaucoup, il faut s’attendre à ce que l’eau reste moins dans les sols, moins dans les lacs.
Comment expliquer notre forte vulnérabilité ?
En France, nous sommes, certes, parvenus à baisser la consommation d’eau domestique par rapport au début des années 2000 [autour de 148 l d’eau par jour par Français], mais elle reste supérieure à celle de 1976 [105 l]. La surface de cultures irriguées s’est aussi accrue. L’agriculture est le principal consommateur d’eau en France. Nous avons aussi une qualité de l’eau pas toujours optimale.
Quelles solutions peuvent être développées pour réduire l’impact des sécheresses ?
Il faut se pencher sur nos pratiques agricoles. L’urgence est aussi de travailler à une meilleure gestion des sols pour leur permettre de mieux stocker l’eau et faciliter son transfert vers les nappes phréatiques. Il nous faut rendre les villes plus perméables, en privilégiant d’autres matériaux que le béton, en laissant plus de place à la nature en leur sein. Il faut aussi se pencher sur notre alimentation ou les vêtements et autres biens qu’on achète et dont la fabrication est aussi, bien souvent, gourmande en eau.