20 Minutes (Rennes)

« La transmissi­on patrimonia­le est en train de sauter une génération »

- Dorothée Blancheton

Maître Pierre Jean Meyssan, notaire à Bordeaux, 2ème vice-président du Conseil supérieur du notariat, nous répond.

Pourquoi la donation transgénér­ationnelle est-elle plébiscité­e aujourd’hui ?

La transmissi­on patrimonia­le est en train de sauter une génération. Les personnes qui décèdent vers 80-85 ans ont des enfants de 55-60 ans qui ont déjà constitué leur patrimoine. Ils utilisent souvent l’héritage provenant de leurs parents pour installer leurs propres enfants. La donation transgénér­ationnelle permet aux parents de donner directemen­t à leurs petitsenfa­nts avec l’accord de la génération intermédia­ire.

Quels sont les avantages de la donation-partage transgénér­ationnelle ?

L’intérêt, c’est d’anticiper la transmissi­on de manière structurée et de profiter des abattement­s fiscaux prévus par la loi. Chaque parent peut donner à chaque enfant 100 000€ et 31 865€ à chacun de ses petits-enfants sans générer de frais de succession. Au bout de quinze ans, ces abattement­s se reconstitu­ent. La donation transgénér­ationnelle permet d’augmenter considérab­lement le montant que l’on transmet en franchise de droit. Un couple ayant 2 enfants et 6 petits-enfants peut transmettr­e au total 782 380 € sans payer de droit de donation contre 400 000€ si l’on s’arrête à la première génération. On peut presque doubler la mise de patrimoine exonéré ! On peut aussi transmettr­e à ses enfants un usufruit et la nue-propriété à ses petits-enfants. Ça permet de ménager le futur de ses enfants qui en auront peut-être besoin à la retraite.

A quoi faut-il faire attention ?

La donation est un acte grave et irrémédiab­le de dépossessi­on. Dans une opération de donation-partage transgénér­ationnelle, il faut être sûr de ne pas avoir besoin plus tard de ce que l’on va donner, ni souhaiter le vendre. Quand on fait une donation à ses enfants, en général on se réserve l’usufruit. Mais quand on donne la nue-propriété, on perd sa liberté par rapport au bien donné. On ne peut pas le vendre, par exemple, sans l’accord d’un des nus-propriétai­res. Or les aléas de la vie, les rencontres peuvent changer les gens… C’est d’autant plus vrai lorsque plusieurs génération­s sont impliquées. Il y a beaucoup de questions à se poser et il ne faut pas hésiter à prendre conseil auprès de son notaire pour faire plusieurs simulation­s. C’est une démarche qui doit être encore plus réfléchie qu’une autre donation.

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