Le burn-out, une épidémie chez les internes
Alors que Léonard Corti revient d’une semaine de vacances, il est victime d’une attaque de panique. Pendant quatre heures, l’interne en médecine a des palpitations à l’idée de revenir à l’hôpital. Le jeune homme est en plein burn-out et finira par être arrêté par son médecin généraliste. Un exemple parmi tant d’autres chez les internes, ces étudiants en médecine qui, après leur 6e année d’études, effectuent des stages pendant trois à cinq ans dans différents services. Ils sont 30 000 en France et sont particulièrement exposés au risque d’épuisement professionnel. Les chiffres le prouvent : deux tiers (67 %) des étudiants en médecine déclarent en effet avoir des syndromes de burn-out, selon une étude de l’Intersyndicale nationale des internes (Isni) publiée en 2021.Lié à une fatigue physique et nerveuse, le burn-out peut se transformer en pathologie plus lourde, comme une dépression ou un trouble anxieux, voire en idées suicidaires.
Un grand absent des cursus
« On nous demande d’accomplir un certain nombre de missions, mais on ne donne plus les moyens pour les réaliser de manière satisfaisante. Du coup, on les réalise mal et on culpabilise », estime Léonard Corti, qui a écrit le livre Dans l’enfer de l’hôpital (Robert Laffont). Et comme il n’est pas considéré comme une maladie, le burnout n’est pas abordé dans le cursus de médecine. « Les étudiants ne sont pas formés à reconnaître les signes d’un burn-out », confirme Léonard Corti. S’il est important de connaître les facteurs de risque et les symptômes, c’est aussi pour protéger les patients. Au-delà du fait que l’extrême fatigue peut conduire à des erreurs médicales, il faut savoir que l’un des symptômes du burn-out est le cynisme, l’insensibilité au monde environnant et la déshumanisation de la relation à l’autre. Ce qui s’avère problématique pour un médecin… D’où l’intérêt de le diagnostiquer à temps.
Si vous êtes en souffrance psychologique, n’hésitez pas à appeler Souffrance prévention du suicide, au 3114, ou SOS Amitié, au 09 72 39 40 50.