MONEY JUNGLE, NOTRE FEUILLETON
David d’Équainville (éditeur et auteur) et Pascal Henry (journaliste d’investigation et réalisateur) ont raconté dans la saison 1 de Money Jungle, une série librement inspirée de faits réels, les aventures d’une jeune avocate fascinée par les complaisances achetées par l’argent de son employeur milliardaire, l’oligarque Oleg Chestov. Dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la saison 2 suit les traces du milliardaire, occupé à mettre à l’abri sa collection de chefs-d’oeuvre et le reste de sa fortune.
Résumé de l’épisode 13 : Après avoir limogé l’entraîneur de son équipe de football, OIeg Chestov imagine un plan pour se séparer de son vice-président, Dimitri Popov, garde-chiourme aux ordres du Kremlin. Il compte invoquer les résultats insuffisants du classement, même si, pour les fans du Royaume, les derniers matchs n’ont pas été si mauvais.
Le cafteur de Moscou
Au téléphone, le ton d’Oleg Chestov n’avait laissé aucun doute sur ses intentions. S’il était encore officiellement vice-président du club de football du Royaume, Dimitri Popov le devait aux précautions
prises par l’oligarque pour éviter d’attirer l’attention sur ses affaires. D’une main, il faisait des amabilités coûteuses aux Occidentaux, un don conséquent à la Croix-Rouge du Prince, avaient signalé les observateurs. De l’autre, il s’empressait d’assurer ses arrières en déléguant en Russie des émissaires. Chestov était une girouette à 11 milliards d’euros. Il cherchait le vent, il cherchait surtout à ne pas se faire remarquer.
Pas dupe de son manège, Dimitri Popov avait tout de suite compris qu’il n’allait pas tarder à être sacrifié à la diplomatie de l’Otan. Aussi préféra-t-il prendre les devants en contactant Moscou, à la suite du rapport qu’il avait envoyé : un détail de tous les points faibles de la stratégie de son patron et toutes les informations concernant sa sécurité personnelle. Il signalait notamment que les infirmières et leur cheffe, Irina, médecin aux doigts de fées, étaient corruptibles. Son analyse listait les premières fuites dans la presse, venues questionner la belle image de l’oligarque, faux allié du monde occidental. Dans son bureau de futur ex-vice-président de club de football, Popov guette les ordres de la mère patrie. Par expérience, il sait qu’il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Il doit rester sur ses gardes. Moscou est un labyrinthe de factions et d’intérêts, toujours la main sur la gâchette. Le tout étant de découvrir le premier qui s’apprête à tirer.
(à suivre)