On est tous fondus d’igloos
Un igloo ? Tout le monde sait ce que c’est. Pourtant, ce dôme de neige est plus qu’un abri contre le froid polaire. 20 Minutes a rencontré l’anthropologue et ethnologue Bernard Saladin d’Anglure, pour en apprendre davantage sur cette habitation typique des peuples inuits au Canada, en Alaska, au Groënland et en Russie.
De toutes les tailles. Formés de blocs de neige de 70 à 80 centimètres de haut pour presque un mètre de large, les igloos ont tous la même forme. Si les plus petits, utilisés par les pêcheurs, pouvaient héberger seulement deux ou trois personnes, les plus grands disposaient de plusieurs pièces. De quoi abriter une famille, voire l’ensemble de la communauté. « Le qaggiq était l’igloo dans lequel se déroulaient les cérémonies et les grandes fêtes, détaille Bernard Saladin d’Anglure. Le plafond pouvait être haut de plusieurs mètres, comme celui des vieux immeubles parisiens. »
Chez soi pour un mois. Résistantes, ces habitations devaient pourtant être rebâties régulièrement. « Les populations vivaient, mangeaient et faisaient bouillir de l’eau à l’intérieur. Elles y entreposaient aussi leurs réserves de nourriture, donc au bout d’un mois, il fallait en changer. »
Ce matin, c’est cours d’igloo. Victimes d’acculturation tout au long du XXe siècle, la majorité des familles inuites ont changé leur mode de vie et se sont sédentarisées. Abandonnant les igloos pour des habitations semblables à celles que nous connaissons. Mais la tradition perdure. « Plusieurs écoles canadiennes font venir des anciens et organisent des camps pour apprendre aux jeunes à fabriquer des igloos. Dans les familles qui pratiquent la chasse, les pères enseignent à leurs enfants comment les construire », ajoute l’ethnologue.
Un abri au coeur du cosmos. Pour ceux qui sont toujours là, félicitezvous. Vous allez bientôt pouvoir épater vos amis en leur apprenant : « Tu sais ce que représente l’igloo ? » « Selon les récits de chamanes, raconte Bernard Saladin d’Anglure, l’igloo symbolise le cosmos. La vitre c’est le soleil, le sol la banquise. Quant à la plateforme de glace recouverte de peau sur laquelle les Inuits dorment, c’est la Terre. » Pour les chamanes qui parviennent à se remémorer leur vie à l’état de foetus, l’igloo désigne aussi le ventre de la mère. Qui peut en dire autant sur son appartement ?