L’amour est dans le pré
Des agriculteurs testent des cultures propices au grand hamster
AErnolsheim-Bruche, Francis Humann a effectué cet hiver ses premières plantations de soja avec du blé. Converti en bio, cet éleveur de volailles bas-rhinois compte bien en profiter pour nourrir ses poulets. Tout en protégeant le grand hamster d’Alsace, une espèce encore menacée. Sur la base des conclusions d’un groupe de scientifiques de l’université de Strasbourg, ils sont plusieurs, comme lui, à expérimenter des parcelles à deux cultures favorisant la reproduction de l’animal.
Maïs et cannibalisme
Avec la croissance urbaine et le développement des infrastructures routières, les exploitations forment une des principales menaces pour le grand hamster. Amorcées en 2011 et concrétisées trois ans plus tard, les recherches ont d’abord montré que cultiver uniquement du maïs pousse la maman à manger ses bébés. Un cannibalisme dû à une carence en vitamine B3. Devant de telles conclusions, Mathilde Tissier, doctorante à l’Institut Hubert Curien, s’est lancée à la recherche de solutions, avec quelques exploitants réunis par la chambre d’agriculture dans le cadre du projet régional Alister. « Il s’agissait de trouver un apport nutritionnel intéressant pour le grand hamster, tout en le protégeant des prédateurs », résume Caroline Habold, sa maître de thèse. Devant une alimentation pas assez riche en protéines avec seulement du maïs ou du blé, le groupe de recherche alsacien de l’université et du CNRS a ainsi tenté de compléter avec du trèfle, des vers de terre, du tournesol ou encore du soja. Avant de découvrir, et prouver, les bienfaits de telles associations sur la reproduction. Voilà ce que testent les agriculteurs impliqués, amis du grand hamster d’Alsace. Mais il en faudra plus pour que l’espèce, en stabilisation, ne reprogresse.