Les femmes pas épargnées dans la restauration
Les femmes sont davantage victimes d’agressions dans l’hôtellerie-restauration
L’affaire Harvey Weinstein a braqué les projecteurs sur la violence subie par les femmes dans le monde du cinéma et, au-delà, dans le milieu professionnel. L’hébergementrestauration est particulièrement concerné par le phénomène. En 2016, la Direction de l’animation, de la recherche, des études et des statistiques (Dares) a publié un long rapport sur « les rapports sociaux au travail », avec un focus particulier sur les « comportements hostiles ». Alors que seulement 1 % des salariés tous secteurs confondus se déclarent victimes d’une personne « leur faisant des propositions à caractère sexuel de façon insistante [et répétée] », l’hébergement-restauration en recense le double (2 %), très loin devant les autres secteurs d’activité (hors agriculture et pêche).
Statut précaire, lieux isolés
Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène. Julie Duchatel, responsable internationale des questions d’égalité et de genre à l’Union internationale des travailleurs de l’alimentation et de l’hôtellerie-restauration (UITA), en donne quelques-uns : « D’abord, de nombreuses femmes de ce secteur sont employées sous un statut précaire, et ont peur que leur contrat ne soit pas renouvelé. Ensuite, dans ces milieux, comme dans beaucoup d’autres, la violence sexiste est perçue comme “naturelle”. » Accrue par des lieux de travail isolés, comme les chambres, les cuisines. De même, « certaines publicités utilisent les femmes comme objets, ça renforce l’idée qu’elles sont là pour le plaisir du client. C’est tout un contexte qu’il faut déconstruire », appuie Julie Duchatel. Pour Christophe Dague, secrétaire général de la CFDT Paris, la taille de l’entreprise peut aussi jouer : « Lorsqu’il n’y a pas de représentant du personnel, c’est plus facile d’isoler quelqu’un. » Afin de faire évoluer les mentalités et les comportements, le projet « Respectées », dont il est le coordonnateur, vise à former les élus CFDT sur la prévention du harcèlement sexuel et les manières d’accompagner les victimes, ou de les orienter. Une démarche qui en précède une autre, à l’échelle internationale : une discussion à l’Organisation internationale du travail (OIT) en 2018 en vue de l’élaboration d’une convention sur le sujet imposant aux Etats des normes juridiques contraignantes.