Brisé, le grand sapin de Noël s’offre une seconde vie
Comment oublier la mésaventure du « premier » sapin, cassé en deux au moment d’être coupé en forêt de Senones il y a une semaine? Un « fait d’hiver », comme l’a poétiquement indiqué un lecteur de 20 Minutes. Et un « gâchis » pour de nombreux autres « amoureux de la nature » qui ont fait part de leur indignation sur les réseaux sociaux, déplorant voir un arbre « de 180 ans coupé pour faire beau quelques semaines ». Son remplaçant sera dressé place Kléber ce lundi, à partir de 9 h. Mais quel sort a été réservé au sapin brisé?
Rien n’est perdu
Les branches ont été coupées. Elles seront en partie utilisées pour « arranger » le nouvel arbre qui nécessite, comme chaque année, un ajout de branches supplémentaires. La grume de l’arbre – le tronc sans les branches – sera vendue en bois de « mauvaise qualité D », précise l’Office national des forêts (ONF). Cette partie servira par exemple à faire du bois pour des palettes ou des coffrages sur les chantiers. Dans le pire des cas, il sera vendu en bois énergie ou pour du chauffage. Un triste destin pour le roi de la forêt ? Pas vraiment, car les 25 sapins choisis ces dernières années pour le marché de Noël de Strasbourg proviennent de forêts d’exploitation vosgiennes gérées au quotidien par l’ONF. Du massif du Donon plus précisément, qui compte à lui seul près de 10 millions d’arbres, selon une évaluation. « Le sapin de Noël est choisi sur un critère purement esthétique, ces arbres ne sont pas commercialisables, détaille Sylvain Leblond, gestionnaire de la forêt de Senones pour l’ONF. Ils ont trop de branches, et donc trop de noeuds, ce n’est pas un bois noble. » La filière bois qui achète ensuite les arbres opte plutôt pour des sapins aux troncs de taille moyenne, dont la circonférence avoisine les 40 à 50 cm. Bien loin des 90 cm du premier grand sapin qui a cédé. La filière privilégie ainsi les arbres âgés d’une quarantaine d’années, plus adaptés au matériel dont disposent les scieries, et donc plus rentables. Des arbres à l’opposé du grand sapin de Noël.