Un réalisateur alsacien intrigant
Il a grandi dans les forêts d’une vallée du massif vosgien. Cette fois, ce sont des enfants vivant dans l’immensité de la Taïga sibérienne qu’il a filmés. Mais n’y voyez pas de parallèle pour autant. Dans Braguino, son dernier film, en salles mercredi, Clément Cogitore s’est penché sur l’isolement d’une famille russe (lire encadré). Un mystérieux documentaire aux images diablement belles et sauvages.
Un style en création
Après son court-métrage Biélutine (2011) et son (très salué) premier long Ni le ciel ni la terre (2015), tous deux présentés à Cannes (et nommé aux Césars pour le second), Clément Cogitore manipule encore les codes dans Braguino. Filmée souvent en caméra à l’épaule comme un reportage, sa production navigue aux abords du fantastique. A 34 ans, l’Alsacien passé par les ex-Arts déco de Strasbourg, avant de rejoindre la capitale, construit son propre style. Sans trop y réfléchir : « J’ai fait ce documentaire à ma manière, celle de regarder les choses. C’est conscient et inconscient. » Clément Cogitore est un artiste singulier, entre cinéma et art contemporain. Aîné d’une fratrie de cinq enfants, il a toujours eu une approche transversale : « J’ai commencé à faire des films en même temps que des expos, avec des choses plus expérimentales, ce qu’on appelle l’art vidéo. » Initialement réalisé pour Arte et finalement diffusé en salles, Braguino est pour lui l’aboutissement d’un long travail de recherche puis d’une rencontre en 2012 avant un tournage intense de dix jours en 2016. « Fort, merveilleux, brutal et émouvant », selon ses termes. Il a accouché d’un film puissant, avec des scènes d’une intensité rare. Son prochain film sera tourné à Paris.