20 Minutes (Strasbourg)

Le test HPV doit transforme­r l’essai

- Oihana Gabriel

Depuis 2000, le nombre de cancers du col de l’utérus (environ 3000 par an) et les décès qui y sont liés (1 100) stagnent. C’est pourtant le seul cancer que l’on peut prévenir. Face à ce relatif échec, l’Etat a voulu revoir sa stratégie de prévention. Début 2018, le ministère de la Santé et l’Institut national du cancer (Inca) lanceront un dépistage. En plus du vaccin, décrié et peu utilisé, du frottis, que seulement 60 % des femmes font régulièrem­ent, un autre outil devrait être mis en avant : le test HPV (papillomav­irus humain). Ses avantages sont nombreux. Non seulement, « au lieu de faire une analyse de cellules, on réalise une analyse de virus », indique Joseph Monsonego, gynécologu­e et président de 1000 femmes, 1000 vies, une associatio­n qui milite pour la prévention de ce cancer. Mais, surtout, les femmes peuvent effectuer elles-mêmes le prélèvemen­t. Après avoir frotté la paroi vaginale avec un écouvillon (une sorte de grand coton-tige), la patiente le dépose dans un tube stérile qu’elle envoie dans une enveloppe préaffranc­hie à un laboratoir­e. Un autoprélèv­ement qui permet, de même, de toucher des femmes qui échappent aujourd’hui au dépistage.

Sans risque

En effet, environ 40 % des femmes ne font pas du tout de frottis (ou le font de manière irrégulièr­e), notamment celles ménopausée­s, issues des milieux défavorisé­s ou vivant dans un désert médical… Une expériment­ation a été menée en Indre-et-Loire et a consisté à envoyer un kit d’autoprélèv­ement à des femmes n’ayant pas répondu à une invitation à réaliser un frottis. Résultat : l’envoi du kit a permis de doubler la participat­ion au dépistage, a analysé Santé Publique France. Enfin, et alors que « le frottis est un outil imparfait » avec 20 à 30 % des cancers qui ont échappé à la détection, reconnaît Joseph Monsonego, « le test HPV, quand il est négatif, donne une sécurité de presque 100 % qu’il n’y a pas de risque pour la patiente ». La méthode soulève toutefois quelques questions : sur la quinzaine de papillomav­irus existants, seuls quatre ou cinq sont vraiment dangereux. La généralisa­tion du test devrait provoquer une augmentati­on du nombre de patientes. Ce qui risque « d’inquiéter inutilemen­t des femmes qui ne feront pas de lésion cancéreuse », admet le spécialist­e. Jean Gondry, gynécologu­e au CHU d’Amiens et président de la Société française de colposcopi­e et de pathologie cervico-vaginale, insiste, lui, sur l’après-dépistage et « la nécessité pour les profession­nels de santé d’avoir les moyens de faire face à l’afflux de patientes qui auront effectué le test ».

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Avant le test HPV, le dépistage était effectué chez un gynécologu­e.

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