Le test HPV doit transformer l’essai
Depuis 2000, le nombre de cancers du col de l’utérus (environ 3000 par an) et les décès qui y sont liés (1 100) stagnent. C’est pourtant le seul cancer que l’on peut prévenir. Face à ce relatif échec, l’Etat a voulu revoir sa stratégie de prévention. Début 2018, le ministère de la Santé et l’Institut national du cancer (Inca) lanceront un dépistage. En plus du vaccin, décrié et peu utilisé, du frottis, que seulement 60 % des femmes font régulièrement, un autre outil devrait être mis en avant : le test HPV (papillomavirus humain). Ses avantages sont nombreux. Non seulement, « au lieu de faire une analyse de cellules, on réalise une analyse de virus », indique Joseph Monsonego, gynécologue et président de 1000 femmes, 1000 vies, une association qui milite pour la prévention de ce cancer. Mais, surtout, les femmes peuvent effectuer elles-mêmes le prélèvement. Après avoir frotté la paroi vaginale avec un écouvillon (une sorte de grand coton-tige), la patiente le dépose dans un tube stérile qu’elle envoie dans une enveloppe préaffranchie à un laboratoire. Un autoprélèvement qui permet, de même, de toucher des femmes qui échappent aujourd’hui au dépistage.
Sans risque
En effet, environ 40 % des femmes ne font pas du tout de frottis (ou le font de manière irrégulière), notamment celles ménopausées, issues des milieux défavorisés ou vivant dans un désert médical… Une expérimentation a été menée en Indre-et-Loire et a consisté à envoyer un kit d’autoprélèvement à des femmes n’ayant pas répondu à une invitation à réaliser un frottis. Résultat : l’envoi du kit a permis de doubler la participation au dépistage, a analysé Santé Publique France. Enfin, et alors que « le frottis est un outil imparfait » avec 20 à 30 % des cancers qui ont échappé à la détection, reconnaît Joseph Monsonego, « le test HPV, quand il est négatif, donne une sécurité de presque 100 % qu’il n’y a pas de risque pour la patiente ». La méthode soulève toutefois quelques questions : sur la quinzaine de papillomavirus existants, seuls quatre ou cinq sont vraiment dangereux. La généralisation du test devrait provoquer une augmentation du nombre de patientes. Ce qui risque « d’inquiéter inutilement des femmes qui ne feront pas de lésion cancéreuse », admet le spécialiste. Jean Gondry, gynécologue au CHU d’Amiens et président de la Société française de colposcopie et de pathologie cervico-vaginale, insiste, lui, sur l’après-dépistage et « la nécessité pour les professionnels de santé d’avoir les moyens de faire face à l’afflux de patientes qui auront effectué le test ».