Le patrimoine du Louvre passe sous le faisceau de l’accélérateur de particules Aglaé
L’unique accélérateur de particules consacré à l’étude des chefs-d’oeuvre est au Louvre
Le Louvre, à Paris, est un endroit bien mystérieux. Peu le savent, mais, outre le fantôme de Belphégor, le plus grand musée du monde abrite un accélérateur de particules. Comment une machine de 27 m de long qui envoie des protons à 30000 km/h révolutionne-t-elle l’étude du patrimoine français ? 20 Minutes est parti à la rencontre d’Aglaé, du nom d’une déesse grecque qui signifie « éclat, beauté, parure » et inaugurée jeudi par la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, pour en savoir plus. Cette beauté fait la fierté du Centre de recherche et de restauration des musées de France. Grâce à son faisceau, les chercheurs percent chaque jour un peu plus les mystères du patrimoine et des oeuvres d’art qui peuplent les musées français. Comment? « Les particules produites par la machine s’enfoncent dans la matière de l’oeuvre analysée, explique Didier Gourier, le directeur de la Fédération de recherche New Aglaé. Les atomes qu’elles rencontrent émettent de l’énergie, comme les rayons X ou les rayons gamma, qui donnent la carte d’identité chimique de l’objet. On détecte même les traces, des impuretés qui disent d’où viennent les matériaux. »
Provenance et composition
Ne comptez tout de même pas sur la demoiselle pour tout vous dire. Les conservatrices du musée de Bavay (Nord), dont le trésor, composé de 350 objets en bronze, est actuellement à l’étude, seraient presque inquiètes des résultats qui les attendent (lire cidessous). « Pour l’instant, on a trois hypothèses privilégiées sur l’origine de ce trésor, expliquent-elles. Il est possible que, grâce à Aglaé, on aboutisse à une hypothèse plus privilégiée, mais il est aussi possible que l’analyse nous fasse formuler de nouvelles hypothèses, qui ne nous feraient pas vraiment avancer ! » Provenance, composition… Autant d’éléments livrés par Aglaé qui peuvent en dire long sur l’environnement de l’artiste à l’origine de l’oeuvre. La machine est à la disposition des 1 220 musées de France qui souhaitent mieux connaître leur collection, mais 20 % du temps de faisceau sera aussi réservé aux projets européens. Aglaé est l’un des piliers du projet E-RIHS, qui met en commun les infrastructures de 24 institutions européennes. « C’est une consécration de tout le travail mené ici, estime Didier Gourier. On a concrétisé l’étude des oeuvres d’art par la matérialité. »