Elles veulent la chute du Propecia
Les victimes du médicament écrivent aux autorités pour qu’elles agissent
Chaque fois qu’un jeune se confie à elle, Sylviane Mathieu pense à son fils, Romain, qui a mis fin à ses jours, en 2016, après des années de dépression. « Comme lui, ils me disent qu’ils n’ont plus la pêche, qu’ils ont des troubles de la libido, qu’ils n’ont plus de copine… » Comme lui, ils prennent du finastéride 1 mg, un médicament indiqué pour prévenir la chute des cheveux. Plus connu sous le nom de Propecia, ce produit du laboratoire Merck est, aujourd’hui, soupçonné d’entraîner des risques de dépression et des idées suicidaires. A la tête de l’Association d’aide aux victimes du finastéride, Sylviane Mathieu a envoyé, ce jeudi, un courrier réclamant aux autorités sanitaires d’améliorer la diffusion de l’information sur les effets potentiellement indésirables de ce produit et la prise en charge des patients. « Les problèmes ne sont pas suffisamment mis en avant. De nombreuses victimes ne savent pas vers qui s’orienter », déplore-t-elle dans cette lettre adressée à la Direction générale de la Santé et que 20 Minutes a pu consulter.
Déjà trente dossiers
Le 26 octobre, l’Agence de sécurité du médicament (ANSM) a publié un bulletin sur Internet à ce propos. Le risque dépressif figure désormais sur les notices contenues dans les boîtes de médicaments. « Mais il y a encore d’anciennes boîtes sur le marché et il faut du temps pour que l’information passe », reconnaît l’ANSM. Le problème, c’est que le finastéride est prescrit à 30 000 personnes en France. « Et certaines d’entre elles n’ont pas encore fait le lien entre leurs souffrances et ce produit », déplore l’avocat Charles Joseph-Oudin, qui a déjà constitué une trentaine de dossiers de patients. Sylviane Mathieu a, elle, reçu les témoignages de 189 hommes depuis la création de son association, fin septembre. « La plupart sont toujours sous traitement alors qu’ils souffrent, résume-t-elle. Les autorités n’ont donc pas pris toutes les mesures pour les alerter. » Entre 1999, date de la commercialisation du finastéride 1 mg en France, et mars 2016, les statistiques officielles font état de dix patients ayant déclaré à l’ANSM une baisse de leur libido, de six cas de dépression ou d’humeur dépressive et d’un cas de suicide. Dans un courrier spécifique à l’Agence envoyé ce jeudi, Sylviane Mathieu a également réclamé tous les rapports et études à ce sujet.