Dur retour au pays pour un « cerveau » marseillais
Le chercheur raconte son retour dans l’Hexagone
Entre difficulté à décrocher un concours, précarité de l’emploi, plusieurs doctorants s’expatrient, souvent aux Etats-Unis, dans le cadre de leurs recherches. Pour, parfois, ne jamais revenir. Face à cette fuite des cerveaux, la fondation Arc pour la recherche sur le cancer, à Marseille, a permis à un jeune chercheur, Geoffrey Guittard, de continuer, à domicile, son travail commencé outreAtlantique. A 34 ans, il raconte son retour au pays, non sans embûches.
Pourquoi êtes-vous parti aux Etats-Unis ?
Le choix de rester en France est très compliqué après un doctorat. L’idée est de valoriser un maximum le CV, car le concours pour les chercheurs se juge aussi à travers les publications dans les revues spécialisées. On recherche donc un laboratoire avec plus de moyens. Il y en a en France, mais ils ne peuvent pas employer tout le monde. C’est un métier où l’on est obligé de partir. Je suis resté cinq ans aux Etats-Unis.
Qu’appréciiez-vous dans votre vie de chercheur aux Etats-Unis ?
Rester là-bas, en tant que chercheur, c’est la solution de facilité : il y a énormément d’opportunités, beaucoup plus qu’en France. C’est plus facile de trouver un boulot. De ma promo, sur les quatre, cinq à être partis, je pense être le seul à être rentré en France.
Qu’est-ce qui vous a poussé à revenir, justement ?
Je voulais absolument rentrer dans un laboratoire français car, contrairement aux Etats-Unis, ces laboratoires accueillent beaucoup d’étudiants. Je voulais partager mon savoir avec eux.
Avez-vous eu des difficultés ?
La principale difficulté, c’est le financement. J’ai eu la chance de trouver un laboratoire français qui a bien voulu m’accueillir, et la fondation Arc m’a financé pour deux ans. Mais en revenant avec un CDD de deux ans, on n’arrive pas à se loger, à acheter une voiture. On ne nous fait pas confiance sans CDI. Au contraire, la vie est beaucoup plus facile aux Etats-Unis. En France, en tant que chercheur, le CDI n’est pas sûr, car l’une des voies privilégiées est le concours. Mais il y a très peu de places : dans mon domaine, ça recrute quatre, cinq personnes chaque année, pour une centaine de candidatures…
De quoi vous inquiéter pour la suite ?
C’est un vrai pari, il faut avoir le concours. Et après les deux ans de financement, pour moi, c’est l’inconnu. Ce prix de la fondation Arc, c’est prometteur pour la suite, mais ça ne me donne pas de certitude. Dans la recherche, on ne sait pas de quoi demain sera fait. C’est peut-être pour ça qu’il y a de moins en moins d’étudiants qui choisissent cette voie. Chez moi, la passion a devancé la raison !