Trente ans de traque
Arrêté grâce à l’entraide des polices belge et française, un homme a avoué avoir commis une quarantaine de viols et agressions sexuelles depuis 1988. Il a été mis en examen mercredi.
«C’est une grande satisfaction », souffle Pascal Lepinois, commissaire d’Erquelinnes, petite bourgade belge située à deux pas de la frontière française. C’est aussi une « petite fierté ». Si les policiers français sont parvenus, lundi, à arrêter Dino Scala, un quinquagénaire qui a reconnu avoir violé ou agressé une quarantaine de victimes en trente ans (lire ci-contre), c’est grâce à leurs homologues belges. Tout s’est joué le 5 février.
« Nous avons reçu un signalement pour un attentat à la pudeur sur une collégienne, raconte Pascal Lepinois. Les faits s’étaient déroulés très tôt le matin le long des voies ferrées de la ville. » Le mode opératoire ne leur était pas inconnu. Entre 2004 et 2013, les policiers ont en effet été saisis d’une dizaine de cas de viols ou d’agressions sexuelles perpétrés dans les mêmes circonstances. « Les victimes désignaient quasiment toujours un homme de la même corpulence, qui portait un bonnet pour se cacher le visage. Et qui parfois utilisait des cordelettes pour les immobiliser », se souvient le commissaire.
Vidéosurveillance
A la faveur de ces nouveaux faits, les enquêteurs belges se sont concentrés sur les quelques images de vidéosurveillance qui ont capté un véhicule et, surtout, un bout de plaque d’immatriculation française. « Pour nous, cela ne donnait rien. Mais, comme d’habitude, nous avons envoyé ces éléments aux collègues français. »
Depuis 1996, la police judiciaire de Lille (Nord) enquête sur une vingtaine de viols et d’agressions sexuelles commis en France. Selon nos informations, les victimes sont des femmes âgées de 13 à 50 ans. Elles ont été « attaquées de dos, très tôt le matin », par un homme ganté qui fait attention à ne pas pouvoir être reconnu, a indiqué le procureur de la République de Valenciennes, Jean-Philippe Vicentini, mercredi. Un ADN a bien été isolé, mais il ne correspondait pas à ceux du Fichier national des empreintes génétiques. Les enquêteurs lillois vont réussir, grâce aux images de vidéosurveillance belges ainsi qu’à un minutieux travail de terrain, à retrouver la voiture. Aperçue la semaine dernière à Pont-sur-Sambre (Nord), elle les menés jusqu’au domicile de Dino Scala. Son ADN correspond à celui retrouvé sur plusieurs victimes. Si le suspect a reconnu être l’auteur d’une quarantaine de faits, « il y a fort à parier qu’il y en a largement plus », estime une source policière. « Le juge d’instruction est saisi de dossiers correspondant à 19 victimes de faits commis uniquement en France », a souligné le magistrat. Des investigations détermineront « jusqu’où des faits ont pu être commis ».