Les villes ont soif de solutions
En 2050, de nombreuses mégalopoles pourraient être rationnées
La menace du « Jour zéro » rôde. Confrontée à une longue période de sécheresse, Le Cap, deuxième agglomération d’Afrique du Sud, a longtemps redouté le « Jour zéro », date à laquelle le niveau d’eau dans ses bassins passerait sous les 13,5 %. Un seuil si bas que la ville devrait alors couper les robinets et rationner la quantité d’eau par habitants à 25 litres par jour. Aujourd’hui, la consigne est de n’utiliser que 50 litres d’eau par jour et par personne. Cette situation, loin d’être unique, marque-telle le début d’une nouvelle ère ? En 2050, ces rationnements en eau pourraient être bien plus communs qu’aujourd’hui, rapportent des chercheurs de l’université allemande de Cassel, dans une étude parue en janvier dans Nature Sustainbility. Ces derniers se sont penchés sur les ressources en eau des 482 plus grandes villes du monde et les ont confrontées à deux tendances : le changement climatique et l’urbanisation croissante. Les chercheurs ont ensuite pris en compte deux hypothèses politiques. Soit les urbains sont prioritaires pour l’accès à l’eau, soit les besoins de l’industrie et de l’agriculture sont privilégiés.
Le projet « villes-éponges »
Dans le premier cas, 36 % des villes connaîtront des problèmes d’approvisionnement dans trente ans. Dans le second, le constat est encore plus alarmant. Sur ces 482 mégalopoles, plus d’une sur deux (soit 673 millions de personnes) serait en déficit hydrique et rationnée. Los Angeles, Jaipur (Inde) et Dar es Salaam (Tanzanie) s’avéreraient les plus menacées. Pour autant, le Forum mondial de l’eau, qui se tient actuellement à Brasilia, passe en revue les solutions afin d’anticiper et de limiter les possibles crises liées aux déficits hydriques. L’amélioration des canalisations existantes représente l’une des priorités. « Certaines accusent d’importantes pertes d’eau parce qu’elles sont trouées, précise Céline Gilquin, responsable « eau » au sein de l’Agence française du développement(AFD). La gestion des eaux usées, dont 80 % sont rejetées dans la nature sans aucun traitement, est une problématique à résoudre. « Un bon retraitement de ces eaux permettrait de baisser la pression sur les nappes phréatiques ou les bassins de rétention d’eau », reprend Céline Gilquin. Enfin, l’Unesco et l’ONUEau appellent à reconsidérer les solutions vertes de gestion de l’eau. Ils citent en exemple le projet de « villes-éponges » lancé par la Chine qui vise à multiplier ces solutions vertes dans 16 grandes villes du pays d’ici à 2020 : revêtements perméables, réhabilitation des zones humides avoisinantes, création de parcs, murs végétalisés… Objectif ? Réutiliser 70 % de l’eau de pluie.