Un Alsacien acquiert un tableau volé... et en veut à Christie’s
L’ex-président du FC Mulhouse a appris détenir une oeuvre dérobée par les nazis
Il n’en revient toujours pas. Marchand d’art, l’ancien président du FC Mulhouse (de 2008 à 2016), Alain Dreyfus, se sent floué. L’improbable histoire commence il y a neuf ans. A New York, il se rend alors chez la société de vente aux enchères Christie’s pour acquérir trois tableaux de maître : un Renoir, un Boudin ainsi qu’un Alfred Sisley. Justement, cette dernière oeuvre, acquise à peu près 300 200 €, « avec une belle valeur marchande, confie Alain Dreyfus, est un beau tableau, une belle peinture. » Problème, il y a un peu plus de deux ans et demi, une société canadienne spécialisée dans la recherche de tableaux spoliés aux juifs par les nazis lors de la Seconde Guerre mondiale, l’a informé que cette oeuvre avait été volée à la famille Lindon-Citroën (celle de l’acteur Vincent Lindon, oui). Le marchand d’art a alors proposé de rendre l’oeuvre, à condition que Christie’s le rembourse et a contacté la maison de vente en ce sens. « Mais cela fait plus de deux ans que l’on me balade chez Christie’s, d’un département à l’autre, d’un service à l’autre, assure Alain Dreyfus. Je n’ai pas de réponse ou alors complètement à côté de la plaque, ils nous prennent pour des cons. » Pis encore, le tableau a été mis sous séquestre en octobre dernier, à Bâle (Suisse), où sa galerie d’art est installée. « Deux policiers sont venus, je n’ai même plus le droit de le vendre. » Très remonté contre Christie’s, il reproche à la célèbre maison cette vente.
« Impossible de ne pas savoir »
« Il est impossible qu’ils n’aient pas été au courant », accuse le marchand d’art, qui a décidé d’alerter la presse. De son côté, la famille Lindon a déposé une plainte au pénal contre Christie’s. « Rembourser cette somme, ce n’est rien pour une telle maison de vente, pourquoi jouer avec sa réputation ? » s’interroge le marchand d’art. Mais ne pouvait-il, lui, pas avoir un doute lors de l’achat ? « Quand on va dans un grand restaurant, on ne se demande pas si on va manger du surgelé ! », rétorque Alain Dreyfus, friand de métaphores. « On n’a pas le droit de vendre des objets volés. C’est leur travail de faire les vérifications nécessaires avant la mise en vente. » « Et si l’on achète une voiture qui s’avère avoir été volée chez un garagiste, on la lui ramène et il vous la rembourse, non ? » ironise encore Alain Dreyfus. Ne voyant rien venir, le marchand d’art a envoyé une facture de 700 000 € il y a un peu plus d’un mois chez Christie’s à Zurich et à New York. Cette facture incluant 8 % d’intérêts. Quand on dit que l’art n’a pas de prix…