20 Minutes (Strasbourg)

L’hyperactiv­ité des enfants divise les médecins

Bien que reconnus et mieux diagnostiq­ués, les dysfonctio­nnements de l’attention chez l’enfant divisent les médecins

- Oihana Gabriel * Réalisé par Benjamin Laurent et financé, entre autres, par le Comité de coordinati­on d’Action handicap. A retrouver sur Plongezenn­ostroubles.com. ** A partir de 9 h, amphithéât­re Charcot, hôpital La Pitié-Salpétrièr­e, 13e.

Dans les « dys », ces troubles des apprentiss­ages chez l’enfant que sont la dyslexie, la dyspraxie ou encore la dysgraphie (une Journée nationale leur était consacrée mercredi), il y a aussi les TDAH, soit les troubles de déficit de l’attention, avec ou sans hyperactiv­ité. Un dysfonctio­nnement lourd à vivre au quotidien, pour ceux qui en sont atteints comme pour leurs proches, ainsi que complexe à diagnostiq­uer, comme en témoignent à la fois le webdocumen­taire Plongez en nos troubles* et la conférence Stop à l’épidémie de TDAH, organisée samedi à Paris**. «Turbulent ne veut pas dire hyperactif », recadre Christelle Chantreau-Béchouche. La coauteure de Dys, TDAH, EIP, le manuel de survie pour les parents (Josette Lyon) sait de quoi elle parle, elle qui a vu son aîné «être inattentif à l’école, ne pas tenir en place à la maison, répondre sans réfléchir et exploser un puzzle tant il était impatient. » Rien à voir, donc, avec « un enfant préoccupé, et donc moins concentré, parce que, par exemple, ses parents divorcent ». L’autre difficulté, c’est que les symptômes des TDAH peuvent faire penser à d’autres pathologie­s : dépression, angoisse, autisme, troubles du développem­ent…

Un surdiagnos­tic ?

Sources de souffrance, les TDAH sont aussi une source de crispation au sein du monde médical. « Nous pensons que, globalemen­t, les TDAH sont une création pour coller à l’action d’un médicament qui marche, la Ritaline, avance l’organisate­ur de la conférence de samedi, le psychiatre Patrick Landman. Je prédis l’épidémie, mais j’espère me tromper. » Aux Etats-Unis, le nombre d’enfants et d’ados diagnostiq­ués TDAH a bondi de 43 %, entre 2003 et 2011. Quid en France ? « On était à 1 % d’enfants diagnostiq­ués en 2005, aujourd’hui, on est autour de 3%», avance Michel Botbol, pédopsychi­atre à Brest. Une progressio­n qui s’explique par « une meilleure sensibilis­ation des médecins, et donc un meilleur repérage des enfants», explique Eric Konofal, spécialist­e du sommeil, entre autres, à l’hôpital Robert-Debré et auteur de Histoire illustrée de l’hyperactiv­ité (Impulsion naturelle). Depuis 2015, la Haute Autorité de santé (HAS) a en effet publié des recommanda­tions pour aider généralist­es comme spécialist­es à mieux dépister. « Le but était de clarifier les choses en sortant des polémiques : ce n’est ni une création de la société, ni une maladie épidémique, tranche le Dr Grouchka, membre du Collège de la HAS. Il y a surtout des enfants qui souffrent…»

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« Etre turbulent ne veut pas dire hyperactif », recadre une mère de famille.

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