L’hyperactivité des enfants divise les médecins
Bien que reconnus et mieux diagnostiqués, les dysfonctionnements de l’attention chez l’enfant divisent les médecins
Dans les « dys », ces troubles des apprentissages chez l’enfant que sont la dyslexie, la dyspraxie ou encore la dysgraphie (une Journée nationale leur était consacrée mercredi), il y a aussi les TDAH, soit les troubles de déficit de l’attention, avec ou sans hyperactivité. Un dysfonctionnement lourd à vivre au quotidien, pour ceux qui en sont atteints comme pour leurs proches, ainsi que complexe à diagnostiquer, comme en témoignent à la fois le webdocumentaire Plongez en nos troubles* et la conférence Stop à l’épidémie de TDAH, organisée samedi à Paris**. «Turbulent ne veut pas dire hyperactif », recadre Christelle Chantreau-Béchouche. La coauteure de Dys, TDAH, EIP, le manuel de survie pour les parents (Josette Lyon) sait de quoi elle parle, elle qui a vu son aîné «être inattentif à l’école, ne pas tenir en place à la maison, répondre sans réfléchir et exploser un puzzle tant il était impatient. » Rien à voir, donc, avec « un enfant préoccupé, et donc moins concentré, parce que, par exemple, ses parents divorcent ». L’autre difficulté, c’est que les symptômes des TDAH peuvent faire penser à d’autres pathologies : dépression, angoisse, autisme, troubles du développement…
Un surdiagnostic ?
Sources de souffrance, les TDAH sont aussi une source de crispation au sein du monde médical. « Nous pensons que, globalement, les TDAH sont une création pour coller à l’action d’un médicament qui marche, la Ritaline, avance l’organisateur de la conférence de samedi, le psychiatre Patrick Landman. Je prédis l’épidémie, mais j’espère me tromper. » Aux Etats-Unis, le nombre d’enfants et d’ados diagnostiqués TDAH a bondi de 43 %, entre 2003 et 2011. Quid en France ? « On était à 1 % d’enfants diagnostiqués en 2005, aujourd’hui, on est autour de 3%», avance Michel Botbol, pédopsychiatre à Brest. Une progression qui s’explique par « une meilleure sensibilisation des médecins, et donc un meilleur repérage des enfants», explique Eric Konofal, spécialiste du sommeil, entre autres, à l’hôpital Robert-Debré et auteur de Histoire illustrée de l’hyperactivité (Impulsion naturelle). Depuis 2015, la Haute Autorité de santé (HAS) a en effet publié des recommandations pour aider généralistes comme spécialistes à mieux dépister. « Le but était de clarifier les choses en sortant des polémiques : ce n’est ni une création de la société, ni une maladie épidémique, tranche le Dr Grouchka, membre du Collège de la HAS. Il y a surtout des enfants qui souffrent…»