L’histoire d’Albert Roche, riche de multiples espoirs pendant la guerre, n’est pas achevée
Les détails historiques sur ce héros de la Grande Guerre manquent
Neuf blessures, 12 décorations et 1 180 prisonniers. A en croire plusieurs portraits, tel est le bilan d’Albert Séverin Roche – né en 1895 – pendant la Grande Guerre. Avec une phrase légendaire du maréchal Foch à l’hôtel de ville de Strasbourg après l’armistice (commémoré dimanche) dont reste une image : « Alsaciens, je vous présente votre libérateur, le premier soldat de France ! » Reprise par l’historien Pierre Miquel dans La Grande Guerre au jour le jour, la citation est datée du 27 novembre, quelques jours après l’entrée des troupes françaises dans la ville.
Pas de recherches historiques
Il existe de folles anecdotes sur Albert Roche mais rien qui puisse être vérifié. De Paris Soir (à sa mort) en 1939 à L’Express, les mêmes récits de ses exploits reviennent. Comme ce nid de mitrailleuses allemandes qu’il aurait récupéré avec deux amis dans l’Aisne, sa fuite en dérobant un pistolet après avoir été capturé au Sudel (Haut-Rhin) ou les heures qu’il aurait passées à ramper pour sauver un capitaine blessé au chemin des Dames (Aisne).
Mais son nom n’est pas cité dans les livres d’histoire. L’ouvrage et les articles cités évoquent pourtant sa présence dans de grands moments : aux obsèques du maréchal anglais Lord French à Londres, lors d’un dîner à la table du roi Georges V. Ou dans la délégation désignée pour porter la tombe du soldat inconnu. Par manque d’éléments historiques précis, difficile d’attester de tous les détails de ses folles anecdotes. Son village d’origine, Réauville (Drôme), comporte une rue à son nom, un buste et une plaque sur sa maison. Sa maire, Marie-Hélène Soupre, a monté une commission
historique pour honorer sa mémoire, cent ans après les mots du maréchal Foch. Mais au-delà des documents de ses citations, d’articles d’époque et de quelques écrits, peu de documents existent toujours. La maire note : « Les histoires ne sont pas très détaillées. » Ni au 27e bataillon des chasseurs alpins d’Annecy (celui d’Albert Roche). Ni aux archives du Bas-Rhin ou de la Drôme. Aucun historien ne s’est visiblement concentré sur Albert Roche.
Docteur en histoire, Vincent Cuvilliers complète : « On est plus dans un récit que dans une recherche historique. » La mort d’Albert Roche est étonnante. Cartonnier depuis vingt ans, il a été fauché à l’aube de la Seconde Guerre mondiale à Sorgues (Vaucluse) à la descente d’un bus.