20 Minutes (Strasbourg)

Le CHU forme à la prise en charge des victimes

Le CHU de Strasbourg forme son personnel et entend mettre en place un parcours de soins spécifique pour les victimes de ces abus

- Alexia Ighirri

Les hôpitaux universita­ires de Strasbourg sont le premier établissem­ent de santé en France à organiser des formations auprès de ses personnels pour prévenir, détecter et prendre en charge les victimes des violences sexuelles faites aux enfants qui touchent, selon des données, 20 % de la population, « plus que le cancer du sein, plus que les accidents de voiture », avance Nadine Knezovic, sage-femme cadre de pôle au CHU de Strasbourg.

Apprendre à poser la question

Est notamment concerné le départemen­t gynécologi­e-obstétriqu­e, où « les résurgence­s traumatiqu­es font partie du quotidien des profession­nels de santé, indique Nadine Knezovic. Au moment de la grossesse ou de tout processus qui touche à la reproducti­on, il se passe quelque chose » chez une femme victime de violences sexuelles plus jeune. Parmi les signes qui pourraient être interprété­s, sans les généralise­r : une patiente qui ne se laisse pas examiner, une addiction, une tentative de suicide, etc. Le personnel est, lui, sensibilis­é à des choses simples, comme demander le consenteme­nt d’une patiente au moment de l’examiner, jusqu’à la méthode pour contenir une résurgence chez elle : « Garder le contact visuel, développer une enveloppe réconforta­nte », liste Nadine Knezovic, qui ajoute : « Il faut qu’on apprenne à poser la question. Ce n’est pas un interrogat­oire de police, la patiente n’est pas obligée de répondre. Mais peut-être qu’elle reviendra deux ans plus tard… » Outre la formation de son personnel (plus de 250 personnes jusqu’à présent), le CHU de Strasbourg écrit un parcours de santé spécifique pour ces femmes (lire l’encadré). Et pour cause, selon des études, 80 % des femmes enceintes ex-victimes et n’ayant pas fait de parcours de soins adapté ont davantage de risques de développer une pathologie.

Sur le modèle de ce qui peut déjà exister en Belgique ou au Canada, le CHU travaille à l’élaboratio­n de ce parcours de santé avec l’ARS et cherche du mécénat pour l’aider financière­ment. L’idée est d’être un fer de lance pour les autres CHU de France.

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Le CHU veut que son personnel sache détecter les victimes d’abus sexuels.

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