Un an après, les effets du plan restent timides
Les mesures pour résorber les inégalités n’ont pas toutes été concrétisées
Quand on leur reparle du 22 mai, beaucoup de maires grimacent ou lèvent les yeux au ciel. Ce jour-là, Emmanuel Macron prononçait un long discours sur les banlieues sous le slogan « Une chance pour chacun ». Ce qui avait choqué les édiles? Le ton et l’affront présidentiel fait à Jean Louis Borloo, dont le rapport avait été enterré pour dévoiler un bouquet de mesures « décousues », selon Sylvine Thomassin, maire PS de Bondy (Seine-Saint-Denis). A défaut de proposer un plan chiffré et de reprendre les 19 propositions de l’ex-ministre et maire de Valenciennes, le chef de l’Etat avait préféré expliquer sa « méthode » et présenter plusieurs mesures : la création d’une «cour d’équité territoriale», la mise en place de 30000 places en crèche dans les quartiers prioritaires, un plan de lutte contre le trafic de drogues d’ici juillet et une promesse de 30 000 stages de 3e pour les élèves des banlieues. Ces annonces ont-elles été suivies d’effets ? La réponse varie en fonction des territoires.
« C’était de la com »
A Bondy, « on n’a rien vu arriver. C’était de la simple com», déplore Sylvine Thomassin. Nous avons perdu 30 agents de police, le commissariat manque de matériel, les délais de la justice sont plus longs que dans la capitale, etc. » L’édile dénonce une inégalité entre Paris et sa ville « de l’autre côté du périph» sur les fonctions régaliennes. «Tout ça nuit à la confiance de nos concitoyens dans l’Etat », tranche-t-elle. En matière d’éducation, elle loue le dédoublement des classes de CP et CE1 dans les écoles prioritaires, mais avoue ne pas avoir les moyens de construire les 70 salles de classe nécessaires, avec une dotation politique de la ville réduite de moitié.
Le député macroniste Saïd Ahamada (Bouches-du-Rhône) reconnaît certains retards. «On avait des relations peu fluides avec le prédécent gouvernement, mais, depuis le remaniement, les liens sont beaucoup plus étroits et on avance », se félicite-t-il cependant. Concrètement, le plan antidrogue n’a pas vu le jour. La plateforme de stages de 3e a été créée, mais il s’agit d’un site centralisant des initiatives associatives locales. Quant aux 30 000 places de crèche supplémentaires, elles ont été inscrites dans les objectifs 20182022 de la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf) en juillet, mais il n’est pas garanti que les moyens budgétaires suivent.
« Les cités éducatives vont être expérimentées dès la rentrée et le dédoublement des classes continue», défend Saïd Ahamada. L’instance «d’équité territoriale», chargée d’évaluer l’efficacité des politiques publiques en fonction des territoires, est toujours en phase de conception chez l’exécutif. A Grigny (Essonne), en revanche, « les choses avancent», se réjouit le maire PCF Philippe Rio, qui cite le lancement des cités éducatives et le plan «initiative copropriétés» pour lutter contre les ensembles immobiliers dégradés. Des avancées qui n’effacent pas le souvenir du 22 mai. «Je ne comprends toujours pas ce discours, qui reste un non-sens et un échec», confie-t-il.