Des plots en béton au nom de la sécurité font polémique
Lors de l’évacuation d’un campement de migrants au Neuhof, des plots en béton ont été mis en place sur une trentaine de mètres
Les blocs de bétons ont choqué. Plus encore qu’un obstacle, c’est surtout la portée symbolique de cette décision qui dérange. Les faits remontent à la mi-novembre, alors qu’un nouveau campement de migrants demandeurs d’asile venait d’être démantelé rue des Canonniers, dans le quartier du Neuhof à Strasbourg.
« Un urbanisme hostile »
Dans la foulée, ces blocs de béton ont été positionnés sur le trottoir pour empêcher tout nouveau regroupement et les personnes ont été hébergées temporairement dans un gymnase. Depuis un mois, des associations plaidaient pour trouver au plus vite des solutions d’hébergement pour les occupants du campement insalubre. « Nous intervenons dès le début, se défend l’adjointe au maire Marie-Dominique Dreyssé, chargée des solidarités. Mais cela prend du temps pour trouver des solutions d’hébergement, car elles sont insuffisantes. Mais l’ensemble de ces personnes ont été réorientées sur des hébergements en fonction de leur parcours. »
Des plots en béton inadmissibles pour Syamak Agha Babaei, pourtant conseiller municipal de Strasbourg et vice-président de l’Eurométropole chargée de l’habitat et de l’hébergement. Dans un communiqué, l’élu explique regretter cette décision « en rupture avec le travail effectué pour faire de Strasbourg une ville accueillante », et reproche « un urbanisme hostile et sécuritaire qui n’a pas sa place dans une ville qui souhaite incarner l’Europe de la démocratie et des droits de l’homme ». « Sur la forme, c’est vrai que c’est maladroit, mais c’est uniquement pour des raisons de sécurité », explique Marie-Dominique Dreyssé. « Ce site est mal positionné, en bordure d’une route très fréquentée et d’une piste cyclable. Les amoncellements de matériels entraînaient une prise de risque pour la population et cela nous avait été signalé… Et c’est la troisième fois qu’il y a des campements sur ce même site, rappelle l’élue. C’est le seul endroit, le seul campement évacué, où il a été décidé de mettre des plots. Il y a des enfants, des familles, c’était trop dangereux. »