Pourquoi les lycéens voient jaune, eux aussi
Dans la foulée des « gilets jaunes », des lycéens crient depuis la fin de la semaine dernière leur colère. Ils réclament, notamment, l’abandon des réformes du lycée et du bac. La prochaine mouture de ce dernier devrait mettre fin aux séries S, L, et ES, pour aller vers des parcours plus individualisés. Les élèves de seconde auront à choisir trois enseignements de spécialité, qu’ils suivront en plus de ceux du tronc commun. Or, le ministre de l’Education a indiqué que les 12 spécialités prévues à l’échelle nationale n’existeraient pas dans tous les lycées. «En moyenne, 7 seront proposées », précise Philippe Vincent, secrétaire général du syndicat des proviseurs. Ce qui «va créer des inégalités entre les établissements », estime Célia, lycéenne à Chelles (Seine-etMarne). Le ministère, lui, assure que, si un élève veut faire une spécialité n’existant pas dans son lycée, il pourra la suivre dans un lycée voisin. Mais « il y a parfois 50 km qui séparent deux lycées», fustige Louis Boyard, le président de l’Union nationale lycéenne.
Le contrôle continu visé
Autre grief contre la réforme du lycée, le fait que le contrôle continu compte désormais pour 40% de la note finale du bac. «Un 15/20 n’aura pas la même valeur dans un lycée d’éducation prioritaire que dans un établissement élitiste », condamne Louis Boyard. Le risque est aussi que «certains profs notent généreusement leurs élèves pour augmenter leurs chances d’obtenir la formation de leur choix sur Parcoursup», renchérit Célia. Même s’il conteste le fait que la colère actuelle des lycéens soit réellement due à la réforme du lycée, Philippe Vincent anticipe quelques points de friction : « Avec les spécialités, les emplois du temps vont se complexifier. Cela pourra générer des trous en pleine journée, ce qui ne ferait pas plaisir aux élèves.»