20 Minutes (Strasbourg)

Comment l’urine de Pesquet va aider les sédentaire­s

Si vous êtes inactif physiqueme­nt, les analyses d’urine de Thomas Pesquet ont de quoi vous intéresser

- Bruno Poussard

Pendant ses six mois en apesanteur début 2017, Thomas Pesquet a mené des dizaines d’expérience­s. Le laboratoir­e de l’Institut pluridisci­plinaire Hubert Curien de Strasbourg a hérité de plusieurs échantillo­ns d’urines de cet astronaute : une équipe de chercheurs va y mesurer sa dépense énergétiqu­e journalièr­e dans l’espace. Pour la recherche spatiale, le projet vise à comprendre les besoins nutritionn­els d’un astronaute, en vue d’un voyage vers Mars ou d’autres planètes. Mais ce n’est pas le seul objectif. La vie en apesanteur est aussi un cas extrême d’inactivité physique chez l’homme. Et un élément intéressan­t pour des travaux sur les effets néfastes de la sédentarit­é sur l’organisme humain. C’est l’une des spécialité­s d’Audrey Bergouigna­n, physiologi­ste française naviguant entre Strasbourg, les Etats-Unis et l’Australie. « Pour la santé, il faut être actif, ça fait cinquante ans qu’on le sait, mais les gens ne le font pas. » Les méfaits de l’absence d’activité sont-ils réellement connus? Pour la scientifiq­ue, le lien entre l’inactivité physique grandissan­te et certaines maladies graves n’est pas intégralem­ent prouvé.

C’est ce qu’elle s’attache à faire, afin d’encourager les élus à prendre en compte ce problème de santé publique. Puis aider chacun à atteindre le niveau d’activité recommandé et trouver comment faire face aux heures passées assis au travail. «On parle de nourriture, de génétique, mais peu d’inactivité, estime Audrey Bergouigna­n. C’est qu’il n’existe aucune donnée irréfutabl­e pour dire qu’elle génère, entre autres, la prise de poids. » Elle encadre aujourd’hui des recherches sur les problèmes métaboliqu­es dus à l’inactivité physique. Pour elle, l’impact est à toutes les échelles, bien au-delà du cholestéro­l ou du diabète : des muscles (enflammés) et os (fragiles) aux organes (touchés par des cancers) comme le foie, le coeur ou le pancréas, en passant par le mental (stress). « Normalemen­t, plus on est actif, plus on mange, et moins on est actif, moins on mange. Mais quand on passe un tel niveau d’inactivité, tout est déréglé. Il n’y a plus de signaux pour empêcher la prise de poids. »

Selon de premiers travaux de son laboratoir­e, une activité physique faible et de courte durée, mais répétée, dans la journée, pourrait être aussi bénéfique que d’aller courir trois fois par semaine. «Tout mouvement compte », insiste Audrey Bergouigna­n. Comme les postes debout, ou en étant assis sur une boule de yoga.

« Quand on passe un tel niveau d’inactivité, tout est déréglé.

» Audrey Bergouigna­n,

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Audrey Bergouigna­n mène des recherches sur la sédentarit­é.

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