«Une dynamique de rapprochement »
La France affronte l’équipe de Corée unifiée ce lundi. Le chercheur Antoine Bondaz évoque l’évolution de cette équipe depuis un an
C’était le 9 février 2018. Les deux Corées défilaient sous bannière unifiée en ouverture des JO de Pyeongchang. Un an après, le drapeau blanc frappé d’une péninsule coréenne bleue flotte en Allemagne et au Danemark, où se disputent les Mondiaux de hand. Avant que l’équipe unifiée de Corée affronte la France, ce lundi, Antoine Bondaz, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique, explique l’importance du sport dans l’avancée des relations entre les deux pays.
Un an après les JO, quel est le bilan de cette bannière unifiée ?
Les Jeux ont laissé un sentiment très positif. La volonté commune d’avoir une équipe a servi de point de départ à la dynamique actuelle de rapprochement. Le seul bémol, c’est qu’à Séoul on n’a pas trop apprécié que l’intégration des joueuses du Nord dans certaines équipes de Corée unifiée soit faite au détriment de joueuses du Sud.
« Si une équipe de Corée unifiée bat le Japon, le succès sera retentissant. »
Cette équipe de handball n’est pas la première expérience depuis celle de hockey sur glace aux JO…
Il y a beaucoup d’autres exemples d’équipes de Corée unifiée, comme lors des Jeux asiatiques en Indonésie. Il y a aussi des matchs entre les deux équipes, voire des équipes mixtes à Séoul ou à Pyongyang.
Des équipes mixtes ?
Des équipes où des joueurs mélangés des deux Corées s’affrontent. Récemment, il y a eu ainsi un «paix» contre «prospérité» au basket. Ces matchs intercoréens participent à cette mise en scène de la réconciliation. Ce qui est important, à court terme, c’est que, pour les JO 2020 à Tokyo, la relation entre les deux pays soit optimale et qu’ils réussissent à bâtir une équipe capable de battre le Japon dans un sport. Si une équipe de Corée unifiée bat le Japon [qui avait colonisé la péninsule au XXe siècle] le succès sera retentissant en Corée, du point de vue de l’image.
Pourquoi a-t-on vu plus d’équipes féminines réunifiées ?
Tout simplement parce qu’il y a moins d’enjeux dans ces équipes. Il ne faut pas oublier que ce sont des sociétés très machistes, donc ils doivent considérer que c’est plus facile de faire jouer ensemble des joueuses. Quelle est la limite de la diplomatie sportive en Corée ?
Si l’opinion politique se retourne, si le gouvernement change, la diplomatie sportive pourrait cesser. Il y a cette idée que, comme le processus de rapprochement sportif a été enclenché, on ne peut plus revenir en arrière. C’est faux. La première équipe unifiée date d’un Mondial de foot chez les jeunes en 1991. On connaît la suite.