Ils aident les «disparus des radars»
Dans le quartier du Neuhof à Strasbourg, un dispositif facilite l’insertion professionnelle
« Vous pouvez le voir très vite ? Il est en train de plonger complètement, je ne sais plus quoi faire », explique, désespérée, une maman qui frappe à la porte du Dispositif d’accompagnement collectif et individuel de proximité (Dacip), dans le quartier prioritaire du Neuhof (Strasbourg). Un projet voué à l’insertion professionnelle de ces jeunes dits «perdus de vue », « invisibles », ou tout simplement « ayant disparu des radars ». «Ceux que nous accompagnons ont souvent quitté l’école à 16 ans, sont très éloignés de l’emploi, parfois ne sont plus inscrits nulle part, avec des situations personnelles et des trajectoires très difficiles, détaille Farid Rahmani, le coordinateur de Dacip. Ils ne savent pas comment s’en sortir ou n’y croient plus, vivent parfois dans des squats ou sont tout simplement isolés. Avec souvent un sentiment d’échec qui entraîne la peur, ils n’osent plus pousser les portes, ne savent même plus comment se présenter. » Objectif du dispositif Dacip, porté par Centre social et culturel du Neuhof en collaboration avec le CSC Camille Claus : les « redynamiser », les aider à se réinscrire dans une dynamique d’insertion socioprofessionnelle.
Et pour arriver à leurs fins, la poignée d’éducateurs fait du « cousu main » en menant continuellement des actions de sensibilisation, d’information, de conseil, d’orientation et de soutien. Elle multiplie surtout les partenariats, établit des passerelles avec les entreprises, les organismes de santé, de justice, l’administration… «Nous nous appuyons aussi sur la mission locale pour l’emploi. Nous nous adaptons à chaque situation, la porte reste toujours ouverte», rappelle Farid Rahmani. Et cela fonctionne. D’ailleurs, le projet, qui existe depuis 2012, s’est fait une belle réputation dans le quartier, tout comme à Koenigshoffen, un autre quartier prioritaire de Strasbourg, où ils ont développé leur action. Dacip, qui accompagne plus de 80 personnes par an, peut se flatter d’avoir 60 % de sorties positives. Soit un retour à l’école, des formations qualifiantes, un retour à l’emploi voire une création d’entreprise. «Un de nos anciens a créé sa boîte dans la fibre optique», explique Hodeifa Megchiche, éducateur spécialise de l’OPI, une association du Neuhof qui oeuvre également auprès des jeunes en difficulté au Neuhof et partenaire privilégié de Dacip. «D’ailleurs, il va former et embaucher un jeune du quartier», se félicite l’éducateur. Reconnu de tous, Dacip vient d’ailleurs être lauréat du prix de l’insertion professionnelle du concours national « S’engager pour les quartiers », à l’Assemblée nationale. Une belle reconnaissance qui lui a valu aussi une récompense de 10 000 €. Pour réaliser d’autres rêves.
Les éducateurs multiplient les partenariats avec les entreprises, l’administration…