20 Minutes (Strasbourg)

Des jeunes sans formation ni emploi, mais pas inactifs

Les jeunes qui ne sont ni en emploi, ni en formation, ni en études («Neet») n’en sont pas moins actifs

- Nicolas Raffin

Comme pour beaucoup d’autres tranches de la population, ils ont leur acronyme. Les « Not in Education, Employment or Training » (« Neet »), ce sont les jeunes (15-29 ans ou 15-34 ans, selon les études) qui ne sont ni en emploi, ni en formation, ni en études, selon la définition de l’Organisati­on de coopératio­n et de développem­ent économique­s (OCDE). En France, ils seraient désormais 2,85 millions à se trouver dans cette situation, d’après les derniers chiffres dévoilés en janvier. Ces personnes qui ne rentrent pas dans les catégories statistiqu­es habituelle­s sontelles pour autant totalement «oisives», comme l’affirme un article du Figaro publié dimanche? « Interpréta­tion fallacieus­e » Ce mot peut laisser entendre que les Neet ne font rien de productif. Or, ce n’est pas forcément le cas. « Il y a toute une partie des Neet qui n’ont jamais travaillé, mais qui cherchent activement un emploi», rappelle Guillaume Allègre, économiste à l’Observatoi­re français des conjonctur­es économique­s (OFCE) et spécialist­e des questions de protection sociale. D’après le Fonds social européen (FSE), environ 60% des jeunes européens sans emploi ni formation sont au chômage, au sens où l’entend le Bureau internatio­nal du travail (BIT). «Dire que les Neet sont oisifs, c’est une interpréta­tion fallacieus­e, affirme Christophe Dumont, chef de la division des migrations internatio­nales à l’OCDE. Dans cette catégorie, vous avez aussi bien des personnes qui font des petits boulots de temps à autre, comme les personnes qui viennent d’avoir un enfant et qui décident d’arrêter de travailler. Et les tâches ménagères et s’occuper d’un enfant, ce n’est pas de l’oisiveté. » Les Neet désignent aussi des personnes qui ont quitté les études très tôt, sans diplôme. «Ce groupe, en raison de son manque de qualificat­ion, est le plus exposé au risque de pauvreté permanente, voire d’exclusion sociale», rappelle le FSE. En France, environ 100000 jeunes quittent le système scolaire chaque année sans avoir décroché de diplôme. Le principal problème est donc de les repérer, puis de les accompagne­r vers l’emploi. Mais là encore, les Neet ne sont pas forcément responsabl­es de leur sort. «Ce qu’il faut retenir, poursuit Guillaume Allègre, c’est que leur nombre est corrélé au taux de chômage du pays. En France, il est plus élevé que dans les autres pays. Et vous pouvez être également victime de discrimina­tion liée à votre nom, votre origine, ou même votre lieu de résidence. » «Les jeunes nés à l’étranger, ou nés en France de parents d’origine étrangère, ont plus de risques de devenir des Neet, complète Christophe Dumont. Ce n’est pas qu’une question de choix de vie. Cela pose la question de l’insertion, mais aussi celle de la formation.» Un problème auquel le gouverneme­nt s’est attaqué avec son fameux PIC (plan d’investisse­ment dans les compétence­s). Mais avec un taux de Neet qui atteint les 17% des 15-29 ans en France, la mission s’annonce compliquée.

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Près de 3 millions de jeunes Français sont considérés comme des «Neet».

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