La version de la victime fragilisée
Il y a cinq ans, Leslie C. était serveuse au Galway, un pub situé en face du 36, quai des Orfèvres. Lundi, l’Américaine de 38 ans devenue mère au foyer a livré à la cour d’assises de Paris un témoignage fragilisant la version d’Emily S., cette Canadienne qui accuse deux policiers de la BRI de l’avoir violée dans la nuit du 22 au 23 avril 2014 dans les locaux du « 36 ».
A la barre, Leslie C. raconte que la plaignante lui avait expliqué que des policiers lui avaient «demandé de venir avec eux dans le bureau pour le sexe ». Emily S. lui aurait également glissé que l’un d’entre eux lui avait mis sa « main sur les fesses». Elle avait l’air «amusée» par la situation et ne semblait pas «choquée» par la proposition. Quelques heures plus tard, un policier est venu chercher Leslie C. et sa collègue pour qu’elles l’accompagnent au « 36 ». Devant la porte, elles ont trouvé Emily S., qui «ne pleurait pas, n’était pas hystérique », mais avait l’air « fatiguée». «Je ne veux pas dire qu’elle était stoïque, mais…» Leslie C., qui avait prêté son téléphone à Emily S. pour qu’elle appelle son père, a eu «l’impression » que ce dernier était « sceptique» en entendant sa version des faits. « J’avais l’impression que ce n’était pas vraiment la vérité ce qu’elle a raconté cette nuit-là», estime-t-elle.
«Je ne me rappelle pas beaucoup les détails au Galway », souffle Emily S. à la barre. «La semaine dernière, vous étiez affirmative. Là, vous dites quelque chose de différent. Quelle réponse doit-on garder ? » lui lance l’avocat de la défense.
Le procès doit se poursuivre jusqu’au 1er février. Les deux accusés encourent vingt ans de prison.Thibaut Chevillard