20 Minutes (Strasbourg)

Le Premier ministre, Edouard Philippe, vante les mérites de la limitation à 80 km/h

L’abaissemen­t de la vitesse à 80 km/h a sauvé de nombreuses vies, selon le gouverneme­nt

- Delphine Bancaud

Des chiffres qui ont réjoui le gouverneme­nt. Six mois après sa mise en oeuvre, l’abaissemen­t à 80 km/h de la vitesse sur les routes secondaire­s à double sens sans séparateur central a donné des résultats « sans ambiguïté », a déclaré lundi Edouard Philippe. Selon le Premier ministre, qui a porté cette mesure impopulair­e (lire ci-dessous), elle a en effet permis, sur le réseau routier concerné, d’épargner «116 vies». « Nous avons constaté que l’entrée en vigueur de cette mesure a fait baisser la vitesse moyenne des véhicules [3,9 km/h pour les véhicules légers, 1,8 km/h pour les poids lourds], a expliqué dans l’après-midi Emmanuel Barbe, le délégué interminis­tériel à la Sécurité routière. Or, toutes les études mondiales font une corrélatio­n entre la vitesse et les accidents.» Ainsi, à ses yeux, « la peur d’être flashé » pourrait avoir eu « une réelle incidence sur les comporteme­nts ». Un bilan très contesté Une interpréta­tion que Jean-Paul Dufrègne, député communiste de l’Allier, trouve «totalement prématurée au bout de six mois. Tout comme on ne peut pas affirmer que le bilan serait différent si ces routes étaient restées limitées à 90 km/h », déclare-t-il à 20 Minutes. Pierre Chasseray, le délégué général de l’associatio­n 40 Millions d’automobili­stes, se montre encore plus critique : « Ces chiffres ne sont ni plus ni moins qu’une manipulati­on pour nous vendre les 80 km/h. Or, on est au même score qu’il y a cinq ans quand les routes étaient à 90 km/h. Par ailleurs, la baisse de la mortalité routière avait démarré avant le 1er juillet. Enfin, une tension sur les prix du carburant se traduit par une baisse de l’accidental­ité.» Pour Emmanuel Barbe, ces arguments ne tiennent pas : «Au deuxième semestre 2018, seule la mortalité des routes hors agglomérat­ions baisse [concernées par la limitation de vitesse à 80 km/h]. Celle des autres routes monte.»

Le gouverneme­nt a aussi voulu démontrer que la mesure n’entraînait pas forcément beaucoup de contrainte­s pour les conducteur­s. « Elle a conduit à un gain de temps pour 34% d’entre eux, à une perte de temps d’une seconde par km pour 37 % des itinéraire­s et à une perte de temps supérieure à deux secondes par km pour 12% des véhicules», a nuancé Emmanuel Barbe. Et de préciser qu’elle n’a pas non plus provoqué «d’effet de peloton» : «Les interdista­nces entre poids lourds et voitures n’ont pas changé», a-t-il martelé. Reste que le gouverneme­nt est encore loin de l’objectif qu’il s’était fixé avec cette mesure : épargner entre 300 et 400 vies sur ces routes par an. Pour l’associatio­n Prévention routière, «il est essentiel de laisser le temps [à la mesure] de produire pleinement ses effets ».

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Le passage à 80 km/h sur les axes secondaire­s est entré en vigueur le 1er juillet.

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