20 Minutes (Strasbourg)

«J’ai été injurié et accusé de faits de pédophilie»

Didier est la cible depuis dix ans d’une femme qui écrit sur lui des articles diffamatoi­res au sein de la blogosphèr­e

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« Dépanneur informatiq­ue, je suis aussi passionné de littératur­e et un habitué des forums en ligne, raconte Didier*, 60 ans, victime de cyberharcè­lement. En 2007, je me suis inscrit sur le site Rue89.com. En parallèle, je disposais de mon propre site personnel. En 2008, une femme que je ne connaissai­s pas et qui s’exprimait sous pseudo a commencé à poster sur Rue89 des commentair­es insultants, déments et calomniait des tas de gens. Comme d’autres utilisateu­rs du site, ça m’a fait réagir et j’ai eu le malheur d’interagir avec elle.

Je ne faisais pas mystère de mon identité, ce fut très facile pour elle de tomber sur mon site. Et là, le cauchemar a débuté. Elle a commencé à publier des billets sur le site Le Post, désormais disparu, dans lesquels j’étais allègremen­t injurié et accusé de faits terribles, de pédophilie, de terrorisme, de piratage informatiq­ue… J’ai immédiatem­ent alerté l’équipe de modération, qui a supprimé ces publicatio­ns. Plus tard, j’ai appris par une amie qu’elle avait ouvert un blog sur la plateforme Overblog et que de nouveaux articles me concernant avaient été publiés. Là aussi, ça a été l’horreur.

« La justice ne fait rien »

J’ai eu la chance d’être soutenu par ma femme et mes enfants. Mais j’avais beau être solide, quand j’ai été accusé publiqueme­nt de pédophilie par une inconnue, ça m’a empêché de dormir. Je suis parvenu à identifier l’auteure de ces posts et j’ai décidé à mon tour de créer un blog dédié à cette femme et à cette histoire. Je pensais naïvement que, en l’affichant publiqueme­nt, ça la calmerait. C’est tout le contraire qui s’est produit. Avec deux autres cyberharce­lés par cette même personne, nous avons engagé des démarches judiciaire­s, mais aucune n’a abouti, mis à part la condamnati­on d’Overblog en 2011. Le blog sur lequel elle publiait ses posts a aussi été supprimé en 2013. Mais elle a recréé des sites sur lesquels elle s’épanchait. J’ai tout essayé : mains courantes, signalemen­ts à Pharos... En vain. Aujourd’hui, je suis dégoûté. Ça fait dix ans que cette femme m’injurie tranquille­ment et la justice ne fait rien. Idem pour le droit à l’oubli : dans mon cas, plus de la moitié des demandes ont été rejetées par Google. J’ai jeté l’éponge, j’ai cessé de lire les articles qui me visaient et de taper mon nom sur Google. Je ne commente plus publiqueme­nt sur les forums et les réseaux sociaux. Je me protège comme je peux.»

Propos recueillis par Hélène Sergent

* Le prénom a été changé.

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Dès qu’un site fermait, l’accusatric­e de Didier en créait un autre.

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