«J’ai été injurié et accusé de faits de pédophilie»
Didier est la cible depuis dix ans d’une femme qui écrit sur lui des articles diffamatoires au sein de la blogosphère
« Dépanneur informatique, je suis aussi passionné de littérature et un habitué des forums en ligne, raconte Didier*, 60 ans, victime de cyberharcèlement. En 2007, je me suis inscrit sur le site Rue89.com. En parallèle, je disposais de mon propre site personnel. En 2008, une femme que je ne connaissais pas et qui s’exprimait sous pseudo a commencé à poster sur Rue89 des commentaires insultants, déments et calomniait des tas de gens. Comme d’autres utilisateurs du site, ça m’a fait réagir et j’ai eu le malheur d’interagir avec elle.
Je ne faisais pas mystère de mon identité, ce fut très facile pour elle de tomber sur mon site. Et là, le cauchemar a débuté. Elle a commencé à publier des billets sur le site Le Post, désormais disparu, dans lesquels j’étais allègrement injurié et accusé de faits terribles, de pédophilie, de terrorisme, de piratage informatique… J’ai immédiatement alerté l’équipe de modération, qui a supprimé ces publications. Plus tard, j’ai appris par une amie qu’elle avait ouvert un blog sur la plateforme Overblog et que de nouveaux articles me concernant avaient été publiés. Là aussi, ça a été l’horreur.
« La justice ne fait rien »
J’ai eu la chance d’être soutenu par ma femme et mes enfants. Mais j’avais beau être solide, quand j’ai été accusé publiquement de pédophilie par une inconnue, ça m’a empêché de dormir. Je suis parvenu à identifier l’auteure de ces posts et j’ai décidé à mon tour de créer un blog dédié à cette femme et à cette histoire. Je pensais naïvement que, en l’affichant publiquement, ça la calmerait. C’est tout le contraire qui s’est produit. Avec deux autres cyberharcelés par cette même personne, nous avons engagé des démarches judiciaires, mais aucune n’a abouti, mis à part la condamnation d’Overblog en 2011. Le blog sur lequel elle publiait ses posts a aussi été supprimé en 2013. Mais elle a recréé des sites sur lesquels elle s’épanchait. J’ai tout essayé : mains courantes, signalements à Pharos... En vain. Aujourd’hui, je suis dégoûté. Ça fait dix ans que cette femme m’injurie tranquillement et la justice ne fait rien. Idem pour le droit à l’oubli : dans mon cas, plus de la moitié des demandes ont été rejetées par Google. J’ai jeté l’éponge, j’ai cessé de lire les articles qui me visaient et de taper mon nom sur Google. Je ne commente plus publiquement sur les forums et les réseaux sociaux. Je me protège comme je peux.»
Propos recueillis par Hélène Sergent
* Le prénom a été changé.