Thierry Henry doit « tuer le joueur » pour devenir entraîneur
L’ex-buteur est à un tournant de sa carrière d’entraîneur, après son expérience ratée à Monaco
Un costard d’entraîneur bien trop grand pour un immense footballeur. Trois mois après son arrivée sur le banc de Monaco et avant la demi-finale de Coupe de la Ligue à Guingamp (21 h 05), Thierry Henry a été prié, vendredi, de quitter ses fonctions, laissant la place à son prédécesseur, Leonardo Jardim. Avec un bilan de quatre victoires, cinq nuls et onze défaites, « Titi » a manqué son examen de passage en tant que coach. Un échec qu’il doit, en partie, à son passé d’ancienne idole. A son arrivée à Monaco, Thierry Henry affiche de belles ambitions dans le jeu. Très vite, l’ancien Gunner ne parvient pas à créer de choc psychologique et à faire de son équipe un bloc solide, essentiel quand on vise le maintien. « Il découvrait le métier dans une situation de crise, c’est plus compliqué, assure Rolland Courbis, consultant pour RMC. Il a peut-être été trop vite à prendre ce type de responsabilité. » Certes, tous les maux de l’ASM (infirmerie blindée, groupe en perte de confiance, erreurs dans la politique sportive) ne sont pas imputables à Thierry Henry. Mais Claude Le Roy concède tout de même une erreur de casting de la direction asémiste. « C’est quelqu’un d’intelligent, de très pointu, qui a une immense culture du foot, mais je ne suis pas sûr qu’il soit fait pour le métier d’entraîneur », confie l’ex-sélectionneur du Ghana. Pour lui, la forte personnalité et l’ego de « Titi », qui en ont fait un grand attaquant, ne l’avantageraient pas sur un banc. « Dans le métier d’entraîneur, il ne faut être préoccupé que par les autres et oublier qu’on a été joueur », poursuit-il. Et tout le problème est là : Thierry Henry n’a pas réussi sa mue. « Sur le banc, il est dans l’excès, observe Gilles Grimandi, son ancien partenaire à Arsenal. Il y a des regards, des réactions qui peuvent mettre en difficulté des joueurs fragiles. Thierry est dans l’exigence totale, mais il faut qu’il oublie le joueur.» Pour Rolland Courbis, l’ancien international français pourrait envisager l’avenir en privilégiant un retour en arrière. «Tout va dépendre du challenge qu’il va relever, assur-t-il. Il y a un dicton qui dit “Reculer pour mieux sauter”. Pourquoi ne pas prendre un poste d’adjoint en club pour apprendre les rouages ?»