20 Minutes (Strasbourg)

Un maire mène la fronde contre les compteurs Linky

Polémique En Bretagne, José Mercier, le maire de Bovel, multiplie les arrêtés pour interdire le compteur « intelligen­t » d’Enedis

- A Rennes, Jérôme Gicquel

A Bovel, petite bourgade de 600 âmes située au sud-ouest de Rennes, le compteur Linky n’est pas le bienvenu. C’est le maire lui-même qui mène la fronde contre les compteurs « intelligen­ts » déployés par Enedis. « Ces compteurs, ça n’a rien à voir avec le service public, c’est juste du business pour les opérateurs », dénonce José Mercier, très remonté. L’élu y voit aussi « une atteinte portée à la vie privée des utilisateu­rs par la collecte non consentie de données personnell­es ». Fer de lance de la contestati­on anti-Linky, le maire de Bovel s’est lancé depuis plusieurs mois dans une longue bataille judiciaire contre Enedis. En octobre, il a ainsi pris un arrêté municipal pour interdire la pose des compteurs sur sa commune pendant un an, mettant notamment en avant les risques d’incendie. La préfecture d’Ille-et-Vilaine et Enedis ont aussitôt attaqué en référé cet arrêté. Saisi du dossier, le tribunal administra­tif de Rennes leur a donné raison fin décembre en suspendant l’arrêté municipal. « Aucun péril imminent pour la salubrité ou la sécurité publique n’est établi par la commune de Bovel qui se borne à invoquer des risques éventuels d’incendie », a indiqué le tribunal dans sa décision.

Règlement sanitaire

La bataille perdue, José Mercier n’a pas pour autant décidé d’abdiquer. Aidé d’un avocat, il a pris la semaine dernière un nouvel arrêté municipal. « Je n’interdis pas la pose cette fois. Je demande juste à ce qu’Enedis respecte le règlement sanitaire départemen­tal lorsqu’il change un compteur », précise le maire. Il cite notamment l’article 51 du document qui stipule « que le remplaceme­nt ou le renforceme­nt des circuits d’alimentati­on électrique doivent être conformes à la norme NFC 14-100 ».

Cette norme impose à Enedis de remplacer les supports bois par des boîtiers ininflamma­bles en cas de pose de compteurs Linky. « Mais Enedis ne le fait pas pour des raisons financière­s et multiplie les infraction­s. C’est un vrai scandale et les préfecture­s et syndicats départemen­taux d’énergie ferment les yeux », dénonce l’élu. En cas d’infraction constatée, le maire prévoit dans son arrêté une amende systématiq­ue de 450 € pour les poseurs. « Faudra-t-il un incendie pour que la sécurité de mes concitoyen­s soit assurée conforméme­nt à ce que prescrit le règlement ? », écrit-il dans un courrier adressé à la préfète d’Ille-et-Vilaine.

Interrogé, le groupe Enedis a refusé de s’exprimer sur ce nouvel arrêté municipal. « Cet arrêté a été transmis à notre service juridique. Il est en cours d’analyse », indique-t-on en interne. Pour José Mercier, l’issue ne fait guère de doute. « La justice risque encore de suspendre mon arrêté. Mais cette fois je ne le retirerai pas et je suis prêt à me battre jusqu’au bout », assure-t-il.

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Le maire breton est inquiet pour les données personnell­es des utilisateu­rs.

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