La France, modèle dans l’indemnisation des victimes
L’associatif Florent Gueguen demande aux pouvoirs publics de se mobiliser pour les sans-abri
Alors que le froid s’est abattu sur le pays, des milliers de personnes sansabri n’ont pas de solution d’hébergement pérenne. La situation est critique, alerte Florent Gueguen, directeur général de la Fédération des acteurs de solidarité. Elle regroupe 800 associations qui gèrent 80 % des centres d’hébergement nationaux.
Combien de SDF sont-ils comptabilisés en France ?
La dernière enquête de l’Insee de 2012 évoquait 140 000 SDF et stipulait que leur nombre avait augmenté de 50% en dix ans. Mais elle n’a pas été relancée depuis, car elle coûterait trop cher. Sans doute l’Etat ne souhaite-t-il pas trop communiquer sur la grande misère dans notre pays. Les associations, elles, estiment qu’il y aurait près de 200000 SDF en France.
Qui sont-ils ?
Il y a beaucoup de demandeurs d’asile et de déboutés du droit d’asile. Et de plus en plus de familles qui ont subi la crise économique et la flambée des prix des logements. Un appel sur deux au 115, numéro d’urgence, provient d’ailleurs d’une famille. Il s’agit de mères seules avec enfants, de familles victimes d’une expulsion locative…
Appeler le 115, est-ce l’assurance d’obtenir quelqu’un au bout du fil ?
A l’échelle nationale, seulement 30% des appels permettent d’obtenir une place d’hébergement. La situation est particulièrement tendue à Paris, Toulouse, Lille, Lyon, Nantes et en Seine-Saint-Denis. A l’heure actuelle, 136 000 places sont disponibles, ce qui n’est pas suffisant face à une demande croissante.
Quelles ont été les mesures prises par le gouvernement cet hiver ?
Il a annoncé 14 000 places supplémentaires dans des gymnases ou des salles municipales entre le 1er novembre et la fin mars. C’est 4000 places de plus que l’an dernier. Par ailleurs, cinq millions d’euros supplémentaires sont prévus en 2019 pour assurer des maraudes. L’effort reste insuffisant. Nous lançons un cri d’alarme, car trop de gens dorment dans la rue. Qu’attendez-vous, aujourd’hui ? Nous demandons un plan pluriannuel de création de places pérennes d’hébergement. Il faut aussi une réponse qualitative : actuellement, le parc d’hébergement est pensé pour les hommes seuls et pas pour les familles. Il faut créer des centres prévoyant un accompagnement social spécifique pour les familles et des solutions de gardes d’enfants. L’Etat finance 40 000 places d’hôtel pour les SDF pour 300 millions d’euros par an. On pourrait utiliser ces crédits pour créer un système efficient.