La précarité des jeunes sortant de l’aide sociale
Trop de jeunes sortant de l’aide sociale à l’enfance souffrent de précarité résidentielle
La vie les a déjà malmenés enfants, mais, une fois devenus majeurs, c’est parfois pire. A 18 ans, les jeunes sortant de l’aide sociale à l’enfance (ASE) sont censés quitter la structure ou la famille d’accueil dans laquelle ils vivaient, car ils ne disposent plus de prise en charge légale. S’ils n’ont pas réussi à décrocher un contrat jeune majeur (CJM) (lire l’encadré), ils sont alors confrontés à des difficultés pour se loger, souligne le rapport annuel de la Fondation AbbéPierre, dévoilé ce vendredi.
A la sortie, la rue
«Plus de 30% d’entre eux sont sans emploi, plus de 25 % sont en formation et, pour ceux qui occupent un emploi, la majorité a un emploi précaire, non qualifié et faiblement rémunéré. D’où la réticence des bailleurs à accepter leur dossier», constate Pascale Dietrich-Ragon, chercheuse à l’Institut national d’études démographiques (Ined). Ce qui pousse certains à retourner chez leurs parents, alors même qu’ils avaient de mauvaises relations avec eux, voire à se mettre en couple précocement. Les autres sont souvent contraints de faire appel aux dispositifs d’urgence. Pire, alerte Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé-Pierre, « 8 % des jeunes sortis de l’ASE depuis un peu moins d’un an ont connu un épisode de rue (lire ci-dessous). D’ailleurs, sur les 143000 personnes sans abri recensées par l’Insee en 2012, 23 % ont eu un passé d’enfant placé.»
Des situations de détresse qui doivent amener les pouvoirs publics à prendre des mesures. «Les jeunes sortant de l’ASE doivent pouvoir être accueillis dans des studios semi-autonomes encadrés par des animateurs socioculturels, dans des foyers de jeunes travailleurs, dans des pensions de familles ou dans des cités universitaires», insiste Manuel Domergue. Pour ce faire, il faudrait que l’Etat et les collectivités locales créent davantage de places dans ces structures.
Dans son plan pauvreté, le gouvernement a dit vouloir «empêcher toute sortie sans solution» des jeunes de l’ASE «en articulant la protection offerte par les départements et les dispositifs de droit commun de l’Etat». Interrogé par 20 Minutes, le secrétariat d’Etat aux Solidarités indique que, pour l’heure, quatre départements ont signé une convention avec l’Etat (Nord, Pasde-Calais, Bas-Rhin, Indre-et-Loire) en s’engageant à prévenir les sorties sèches de l’ASE afin de bénéficier, en retour, d’un soutien financier du gouvernement.