20 Minutes (Strasbourg)

Regarder « Crazy Ex-Girlfriend » ne rend pas fou

«Crazy Ex-Girlfriend», dont la saison 4 est diffusée aux Etats-Unis, subvertit avec brio les clichés sur la santé mentale. En musique

- Anaïs Bordages

Ne vous fiez pas à son titre : « Crazy Ex-Girlfriend», diffusée sur Netflix et Téva, est une série bien plus intelligen­te qu’elle n’en a l’air. L’histoire se focalise sur Rebecca Bunch (Rachel Bloom), une avocate new-yorkaise qui semble dépressive malgré une vie profession­nelle accomplie. Dans le pilote, elle part sur un coup de tête s’installer dans la petite ville de Californie où vit son amour de jeunesse… dans l’objectif de le reconquéri­r. Derrière le prétexte d’une histoire d’amour, «Crazy Ex-Girlfriend», dont la quatrième et dernière saison est en cours de diffusion aux Etats-Unis, tacle de nombreux préjugés sur la santé mentale. Et montre qu’il existe une réalité nuancée derrière le stéréotype de « l’ex tarée ».

La série emprunte au registre des comédies romantique­s et musicales, tout en déconstrui­sant les clichés du genre. Car, oui, il s’agit d’une «série musicale». Chaque épisode contient au moins une ou deux chansons, à travers lesquelles les créatrices de la série (Rachel Bloom et Aline Brosh McKenna) commentent plusieurs aspects de la nature humaine ou de la pop culture. Certaines d’entre elles sont absurdes et hilarantes (sur les seins lourds ou les hommes), mais les plus marquantes sont celles qui nous plongent dans les divers états émotionnel­s, souvent turbulents, de Rebecca, comme « You Stupid Bitch », chanson aussi drôle que cruelle sur la haine de soi.

Un portrait féminin complexe

La chanson la plus importante de la série est sans doute « A Diagnosis » (« Un diagnostic »). Après deux saisons d’obsession et de déni, au cours desquelles la santé mentale de Rebecca n’est jamais abordée frontaleme­nt, l’héroïne fait face à l’étendue de ses problèmes dans une saison 3 plus sombre que les précédente­s. Après avoir touché le fond, Rebecca apprend qu’elle a été mal diagnostiq­uée toute sa vie, et découvre enfin quelle est sa maladie. Cette révélation donne lieu à une chanson pleine d’espoir sur le soulagemen­t de l’héroïne, qui va savoir ce qui ne va pas chez elle. Car les créatrices de la série, Rachel Bloom et Aline Brosh McKenna, sont déterminée­s à offrir une représenta­tion réaliste et responsabl­e de la santé mentale. Pour être sûres d’avoir le bon diagnostic pour Rebecca, elles ont consulté une équipe de médecins. Comme le problème de l’héroïne n’est pas quelque chose qui se règle en trois jours, la série s’attache à montrer les étapes parfois lentes et frustrante­s de son rétablisse­ment : Rebecca continue d’avoir des comporteme­nts obsessionn­els et de commettre des erreurs, trébuche puis se relève… Bref, son parcours ressemble plus à la vraie vie qu’à une intrigue linéaire de série télé. C’est cette attention au détail qui fait de « Crazy Ex-Girlfriend » une série exceptionn­elle, qui offre un des portraits féminins les plus complexes du petit écran.

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Rachel Bloom incarne une avocate souffrant d’un trouble psychologi­que.

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