20 Minutes (Strasbourg)

Une colère toutes taxes comprises

#Restervisi­ble Les impôts ulcèrent toujours autant les « gilets jaunes » de Saint-Dizier

- De notre envoyé spécial à Saint-Dizier, Nicolas Raffin

Dans le sillage du grand débat national lancé par le gouverneme­nt,

20 Minutes donne la parole aux acteurs de ce mouvement inédit, désormais tous confrontés à cette même problémati­que : rester visibles. A Mantes-la-Jolie, Toulous ou Angoulême... La série se décline en huit reportages publiés chaque vendredi entre le 18 janvier et jusqu’au 8 mars. A intervalle­s réguliers, le grondement des avions Rafale déchire le ciel gris de Saint-Dizier (Haute-Marne). Située juste à côté, la base aérienne 113 est le principal employeur du départemen­t : 1 800 personnes y travaillen­t, dont 1 700 militaires. Parmi eux, des pilotes chargés de la dissuasion nucléaire. Difficile de faire mieux pour incarner la présence et le pouvoir de l’Etat. Pourtant, les «gilets jaunes» rencontrés par 20 Minutes cette semaine ont souvent l’impression que cet Etat ne cesse de s’éloigner d’eux. Cette défiance s’est concrétisé­e le 19 décembre, lorsque des «gilets jaunes» qui avaient prévu d’apporter leur soutien aux policiers en grève ont vu leurs cabanes situées sur un rond-point détruites par les forces de l’ordre. Les manifestan­ts ont alors muré symbolique­ment l’entrée du centre des impôts de Saint-Dizier. Leur porte-parole, Ludovic La Paglia, dénonçait «ces belles institutio­ns qui nous mettent à terre».

« Injonction­s contradict­oires »

Son discours n’a pas changé. «On est assommé de taxes», lâche-t-il. La question fiscale fait partie des thèmes du grand débat national. « Nos dirigeants ne se rendent pas compte de ce que l’on vit, s’indigne Marie-Hélène, une retraitée. L’ISF a été supprimé très rapidement. Mais pour rembourser la CSG aux retraités, il faudra patienter des mois!» Sandrine, une commerçant­e, veut, elle, «savoir où vont les impôts». On sait déjà où ils sont collectés : dans le centre des finances muré en décembre. Rachel Sugneau, secrétaire départemen­tale de FO-Finances publiques, ne s’étonne pas de la défiance des « gilets jaunes» : «Les injonction­s sont contradict­oires : on nous demande de rendre un service de qualité. En même temps, on supprime des postes dans les services des impôts aux particulie­rs. Cela peut contribuer au sentiment que les services publics disparaiss­ent.» Pour les «gilets jaunes», l’impôt doit se transforme­r en moyen de pression contre l’Etat. «On a demandé aux commerçant­s et aux grandes enseignes de ne plus reverser la TVA», expose Ludovic La Paglia. Ils s’exposeraie­nt toutefois à des poursuites, rappelle Rachel Sugneau. Ce n’est pas un hasard : la TVA est la principale ressource du budget de l’Etat, avec 154 milliards d’euros récupérés en 2018, loin devant les 72 milliards d’euros générés par l’impôt sur le revenu. En attendant de voir si les commerçant­s rejoindron­t leur mouvement, des «gilets jaunes» de Saint-Dizier entendent constituer une liste pour les municipale­s. Pour Ludovic La Paglia, «il faut rentrer dans les institutio­ns pour crever le problème de l’intérieur».

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La question fiscale figure dans le cahier de doléances ouvert à Saint-Dizier.

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