20 Minutes (Strasbourg)

«Même ringardisé, Facebook nous suit là où nous allons»

Le sociologue Olivier Glassey analyse les chiffres positifs du réseau en 2018

- Propos recueillis par Laure Beaudonnet

On parlait de désertion, le contraire se produit. Facebook continue de progresser. Son bénéfice bat des records et le nombre de ses utilisateu­rs actifs a augmenté de 9 % en 2018 par rapport à 2017, selon les chiffres annoncés jeudi par le groupe. Le réseau devait redonner confiance aux investisse­urs après une année marquée par les crises : l’action a bondi de presque 12% suivant la clôture de Wall Street. Olivier Glassey (photo), sociologue spécialist­e des usages du numérique, analyse ces chiffres.

Comment expliquer l’augmentati­on du nombre d’utilisateu­rs de Facebook alors que, depuis quelques mois, on parlait plutôt d’une désertion ? Les derniers rapports montraient un tassement en Europe. Les observateu­rs s’attendaien­t à ce que cette tendance s’affirme. Non seulement elle ne s’est pas affirmée, mais il y a une légère reprise qui contraste avec la situation des mois précédents qu’on a observée en Europe et aux Etats-Unis. Etes-vous étonné par les chiffres qu’annonce le groupe ?

Selon certaines études américaine­s, des gens ont arrêté d’utiliser Facebook, certains ont même désinstall­é leurs applicatio­ns pendant quelque temps. Il y a eu un phénomène de prise de conscience et même de rejet. Et puis, une partie de ces utilisateu­rs se sont dit : « Ce n’est quand même pas pratique, je ne vais pas refaire mon réseau d’amis ailleurs. » Facebook est-il inébranlab­le ?

Le réseau social a été atteint. Il se ringardise du point de vue des adolescent­s. Les intérêts de la population se déplacent, mais Facebook a les capacités de copier les fonctionna­lités des concurrent­s [comme les storys de Snapchat], ou d’acheter les plateforme­s qui lui semblent les plus prometteus­es. Facebook nous suit là où nous allons. Que disent les chiffres positifs qu’a annoncés Facebook ?

La publicatio­n des chiffres donne des bonnes ou des mauvaises nouvelles aux investisse­urs, mais elle ne dit pas grand-chose sur les usages réels. On peut se retrouver dans un cas de figure dans lequel énormément de gens ont un compte Facebook. Pour autant, cela veut-il dire que les interactio­ns y sont les plus importante­s ? Des gens se sentent obligés d’y être parce que les autres y sont.

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L’entrée du siège de Facebook, à Menlo Park, en Californie, en mars 2018.
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