20 Minutes (Strasbourg)

Plaquer le « tout pour l’attaque »

Il est presque devenu impossible de défendre en NBA, NFL ou NHL

- Bertrand Volpilhac

Il y a un adage qu’on aime bien sur le sport américain : « Offense wins games, defense wins championsh­ips». Le comprendre comme ça : vous pouvez gagner des matchs de saison régulière si vous attaquez bien, mais les victoires en play-offs et les titres, ce sera grâce à votre défense. Dans la nuit de dimanche à lundi, pour le Superbowl, ce n’est pas dit que les Patriots et les Rams ne se départagen­t pas au terme d’une orgie de points marqués. Résumons l’idée comme ça : depuis quelque temps, la défense n’est pas une priorité dans le sport US, c’est un euphémisme. La moyenne des scores a explosé en NBA, les matchs à 100 points ne sont plus des exceptions en NFL, et même le hockey s’y met. Plus personne ne s’ennuie vraiment à défendre et, au cas où quelques petits coquins auraient quand même envie de le faire, on leur colle des règles qui protègent l’attaque. La dernière en date, qui a fait râler : une protection accrue du quarterbac­k (le bonhomme qui lance le ballon en attaque), devenu quasiment intouchabl­e pour les défenseurs. En «on», et tant mieux, c’est avant tout pour protéger des blessures les porteurs de balle. En « off », ça permet aussi aux stars de rester sur pied plus longtemps et de marquer plus de points. Donc plus de spectacle.

La haine du football

« La mentalité dans le sport US, c’est plus t’es spectacula­ire, plus t’as d’audience, explique Philippe Gardent, ancien défenseur en NFL et consultant pour beIN Sports et TF1. On essaie de pousser le spectacle à son paroxysme. En tant qu’ancien défenseur, ça peut être frustrant parfois. C’est un sport où les règles évoluent de manière perpétuell­e. Des fois, ça nous fait râler. C’est plus le sport que c’était il y a 20 ans. Oui, et alors ? »

Il faut bien comprendre aussi que le sport US se développe quelque part dans sa haine du football. Le sport le plus populaire partout dans le monde sauf chez eux, celui qu’on moque pour ses matchs terminés par des 0-0 ou des 1-0. Une autre idée du spectacle. « La mentalité est différente, poursuit Gardent. C’est comme avec les matchs nuls, il n’y en a pas – ou alors à la fin des prolongati­ons, c’est rare. Les gens sont dans l’arène et on se bat jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un debout. » Toutefois, réaction logique, « défendre la défense » est un peu devenu une mode. Les purs et durs râlent beaucoup de voir leur sport perdre son essence physique, mais pourraient se réjouir dimanche, car la défense devrait reprendre ses droits. « C’est prépondéra­nt et ça ne changera jamais, répond celui qui commentera le Superbowl dimanche sur TF1. En playoffs, c’est celui qui prend le moins de points qui gagne le match, pas celui qui en marque le plus. Il y a aussi une question de crispation offensive liée aux gros événements. Dimanche soir, je pense qu’on sera plus autour des 50 points dans le match que des 100 points ». Alors, comme dirait Michel, vivement dimanche.

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Les New England Patriots de Sony Michel joueront la finale du Superbowl.

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