Les candidats divisés sur la gratuité des transports
Le sujet des transports en commun gratuits dans la ville n’est pas vraiment à l’ordre du jour des différents programmes de campagne
Et si les transports en commun devenaient gratuits à Strasbourg ? L’idée peut séduire mais elle a été jugée trop chère il y a quelques mois par une commission de travail de l’eurométropole. En clair, il aurait fallu compenser le manque à gagner de 50 millions que représentent actuellement les recettes. Débat clos ? Non, il s’invite dans la campagne des municipales.
« Paiement malin »
Alain Fontanel s’est exprimé jeudi sur la question. Le candidat LREM écarte la gratuité mais fait prévaloir une amélioration de l’offre de service. Il propose que les trams, les bus à haut niveau de service ainsi que dix lignes structurantes de bus restent ouverts jour et nuit, sept jours sur sept, avec une fréquence de passage toutes les deux heures la nuit. La tarification solidaire sera maintenue (actuellement à partir de 3,40 € par mois) et un dispositif de « paiement malin », déjà en place à Nantes ou à Brest, permettra d’obtenir la tarification la plus juste. L’association des usagers des transports urbains de l’agglomération strasbourgeoise (Astus) n’est pas non plus favorable à la gratuité totale. «Nous préférons que les gens les plus précaires bénéficient de la tarification solidaire, explique François Giordani, membre du bureau. Encore faut-il que les seuils de la grille soient rehaussés en tenant compte du coût de la vie.» Un peu de gratuité? L’écologiste Jeanne Barseghian la propose pour les moins de 18 ans et les moins de 25 ans qui n’ont pas de ressources. «C’est une bonne idée qui permet d’habituer les jeunes à prendre les transports communs», se félicite François Giordani.
Au PS, Catherine Trautmann promet également la gratuité pour les moins de 18 ans, et l’étendra aux plus de 65 ans. De son côté, Jean-Philippe Vetter prêche pour la gratuité partielle, c’està-dire le dimanche pour tout le monde. «La gratuité amènerait de nouvelles personnes dans des rames déjà bondées aux heures de pointe. Ce n’est pas l’image que l’on veut donner des transports en commun», explique la tête de liste LR, qui prône l’entrée libre dans les musées pour « créer une dynamique familiale et des sorties culturelles le dimanche ». Un bon point pour l’Astus, qui souligne que « cela permet de capter une population qui a tendance à reprendre la voiture le dimanche ». La gratuité totale? C’est du côté de la candidate Chantal Cutajar, actuelle adjointe au maire en charge de la démocratie locale et tête de liste de « Citoyens engagés », qu’il faut la chercher. A condition d’avoir «une configuration spéciale de certains wagons dans les trams circulant tôt le matin, avec des transports de marchandises mais aussi de scolaires ». Enfin, Kevin Loquais (LFI, Génération-s) souhaite d’abord «une tarification dégressive jusqu’à la gratuité sur des critères sociaux et fiscaux et pour les mineurs puis tendre vers la gratuité totale d’ici à la fin du mandat.»