La pénibilité crispe les syndicats
L’examen des textes relatifs à la réforme débute à l’Assemblée ce lundi, et le gouvernement reste ferme sur ce dossier
C’est l’un des points sur lesquels ils ne veulent pas lâcher. Alors que le projet de loi de réforme des retraites est examiné à partir de ce lundi dans l’Hémicycle, les syndicats attendent toujours des réponses sur le sujet de la pénibilité. Un texte qui ne comporterait pas « d’éléments sur la pénibilité au travail ne serait pas juste », avertit le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger dans les colonnes du JDD publié dimanche. Les personnes occupant un travail pénible « doivent partir plus tôt en retraite », a-t-il insisté. Sur ce sujet, les syndicats n’ont toujours pas obtenu de concession du gouvernement, malgré les discussions qui se sont poursuivies à Matignon. Edouard Philippe a annoncé en outre jeudi « un véritable droit à la reconversion pour les populations exposées à toutes formes de pénibilité », la généralisation d’une visite médicale systématique à 55 ans et des nouveaux moyens financiers pour aider les entreprises à réduire la pénibilité. Des garanties qui s’adressent à tous les actifs ayant un travail pénible et particulièrement à ceux dont le travail implique des postures pénibles, le port de charges lourdes et des vibrations mécaniques.
Cependant, ces trois critères – ainsi que celui des risques chimiques - ne permettront toujours pas à ces salariés de partir plus tôt à la retraite en acquérant des points dans leur compte personnel de prévention (C2P). Cette possibilité a été supprimée en 2017 par l’actuel gouvernement, qui refuse de revenir sur cette décision. Le gouvernement se contente pour le moment d’annoncer la poursuite du « dialogue » sur un sujet qui n’en finit pas, pourtant, d’opposer les partenaires sociaux. Les patrons estiment qu’il est difficile de mesurer de manière individuelle la pénibilité « ergonomique », contrairement à d’autres facteurs aujourd’hui reconnus comme le travail de nuit. Un argument réfuté par les syndicats. Cette non-réponse inquiète les organisations syndicales. « On a l’impression que le gouvernement veut balayer les situations actuelles de pénibilité », explique Pascale Coton, vice-présidente de la CFTC. La syndicaliste craint en particulier qu’en cas d’échec de la conférence de financement qui se tient jusqu’en avril, certains salariés subissant des conditions de travail pénibles non reconnues soient obligés de travailler plus longtemps que ce qui était prévu.
Le gouvernement se contente pour le moment d’annoncer la poursuite du « dialogue ».