Les frontaliers ne sont pas les bienvenus en Allemagne
Les entreprises allemandes demandent aux frontaliers de ne pas venir travailler outre-Rhin
Achtung ! Avec la pandémie de coronavirus, les travailleurs français ne sont plus les bienvenus en Allemagne. C’est particulièrement vrai en Alsace, à la frontière avec nos voisins outreRhin. Le foyer épidémique du HautRhin, parti d’une réunion évangélique, a conduit les autorités allemandes à déclarer la région Grand Est zone « à risque ».
Une situation pas simple à vivre pour les quelque 160 000 frontaliers qui en temps normal franchissent tous les jours la frontière pour travailler. Marie*, 45 ans, commerciale dans une société à Oberkirch, dans le BadeWurtemberg, peut en témoigner : « Quand je suis arrivée à mon travail, mes collègues allemands m’ont regardé bizarrement. Mon supérieur est venu me voir, m’a demandé de regarder les mesures prises par les autorités françaises et de les lui traduire. Il a affiché les informations sur le panneau de l’entreprise. » Ses collègues la charrient. « Certains m’ont souhaité de “bonnes vacances”, d’autres m’ont balancé : “On se revoit en juillet”, détaille-t-elle. Une fois ou deux, ça va, mais au bout de la vingtième fois, j’ai trouvé ça un peu lourd. » Finalement, la direction lui a demandé de rentrer chez elle mardi après-midi. Pour autant, les frontières avec l’Allemagne ne sont pas fermées. «Il ne s’agit que de recommandations, tempère la préfecture de
Fribourg-en-Brisgau. Nous suivons les directives du ministère des affaires sociales et de l’intégration du BadeWurtemberg. » Des recommandations très suivies par les employeurs, à en croire les témoignages qui nous sont parvenus.
« J’ai reçu le message d’un collègue qui habite à Colmar me disant qu’il devait rester chez lui, témoigne Jean*, 24 ans, commercial dans une entreprise du secteur agroalimentaire. J’étais un peu jaloux parce que ça m’arrange de rester chez moi, ça évite les longs trajets. » Même réaction chez Marie. « Je fais 100 km aller-retour tous les jours, donc c’est vrai que ça ne me dérange pas de rester un peu à la maison », explique-t-elle. Jean a finalement appris mardi, dans l’après-midi, qu’il devait lui aussi télétravailler de chez lui. « On m’a donné un PC portable pour travailler à distance», précise-t-il.
Il profite de cette accalmie pour souffler un peu. « Les salons commerciaux sont annulés les uns après les autres, donc la charge de travail est moindre », reconnaît-il. Pour la suite, c’est l’inconnu. « On est dans le noir le plus complet, personne ne sait comment la situation va évoluer », affirme Jean.
«A mon travail, mes collègues allemands m’ont regardé bizarrement. » Marie*
*Les prénoms ont été changés à la demande des intéressés.