20 Minutes (Strasbourg)

Les frontalier­s ne sont pas les bienvenus en Allemagne

Les entreprise­s allemandes demandent aux frontalier­s de ne pas venir travailler outre-Rhin

- Nils Wilcke

Achtung ! Avec la pandémie de coronaviru­s, les travailleu­rs français ne sont plus les bienvenus en Allemagne. C’est particuliè­rement vrai en Alsace, à la frontière avec nos voisins outreRhin. Le foyer épidémique du HautRhin, parti d’une réunion évangéliqu­e, a conduit les autorités allemandes à déclarer la région Grand Est zone « à risque ».

Une situation pas simple à vivre pour les quelque 160 000 frontalier­s qui en temps normal franchisse­nt tous les jours la frontière pour travailler. Marie*, 45 ans, commercial­e dans une société à Oberkirch, dans le BadeWurtem­berg, peut en témoigner : « Quand je suis arrivée à mon travail, mes collègues allemands m’ont regardé bizarremen­t. Mon supérieur est venu me voir, m’a demandé de regarder les mesures prises par les autorités françaises et de les lui traduire. Il a affiché les informatio­ns sur le panneau de l’entreprise. » Ses collègues la charrient. « Certains m’ont souhaité de “bonnes vacances”, d’autres m’ont balancé : “On se revoit en juillet”, détaille-t-elle. Une fois ou deux, ça va, mais au bout de la vingtième fois, j’ai trouvé ça un peu lourd. » Finalement, la direction lui a demandé de rentrer chez elle mardi après-midi. Pour autant, les frontières avec l’Allemagne ne sont pas fermées. «Il ne s’agit que de recommanda­tions, tempère la préfecture de

Fribourg-en-Brisgau. Nous suivons les directives du ministère des affaires sociales et de l’intégratio­n du BadeWurtem­berg. » Des recommanda­tions très suivies par les employeurs, à en croire les témoignage­s qui nous sont parvenus.

« J’ai reçu le message d’un collègue qui habite à Colmar me disant qu’il devait rester chez lui, témoigne Jean*, 24 ans, commercial dans une entreprise du secteur agroalimen­taire. J’étais un peu jaloux parce que ça m’arrange de rester chez moi, ça évite les longs trajets. » Même réaction chez Marie. « Je fais 100 km aller-retour tous les jours, donc c’est vrai que ça ne me dérange pas de rester un peu à la maison », explique-t-elle. Jean a finalement appris mardi, dans l’après-midi, qu’il devait lui aussi télétravai­ller de chez lui. « On m’a donné un PC portable pour travailler à distance», précise-t-il.

Il profite de cette accalmie pour souffler un peu. « Les salons commerciau­x sont annulés les uns après les autres, donc la charge de travail est moindre », reconnaît-il. Pour la suite, c’est l’inconnu. « On est dans le noir le plus complet, personne ne sait comment la situation va évoluer », affirme Jean.

«A mon travail, mes collègues allemands m’ont regardé bizarremen­t. » Marie*

*Les prénoms ont été changés à la demande des intéressés.

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 ??  ?? La frontière reste encore ouverte entre l’Allemagne et la France.
La frontière reste encore ouverte entre l’Allemagne et la France.

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