La ferme Durr tente de se relancer après la listeria
Balayée par la listeria, la marque bio tente de revenir sur les étals
Un stand vide. Ce samedi, au marché de Neudorf, un des quartiers de Strasbourg, seul un grand panneau rappelle l’existence de la ferme Durr. Depuis septembre, la célèbre marque bio alsacienne, a disparu des étals. Stoppée net par une contamination à la listeria. « On a dû fermer notre atelier de transformation, tous nos produits ont été rappelés… C’était très dur à vivre », se souvient Solène Durr. La fille de Raymond, le fondateur de l’exploitation décédé en 2014, tente aujourd’hui de relancer l’affaire, avec l’aide par sa mère. Comment tourner la page? D’abord grâce à la justice, qui a placé la société Biolacte en procédure de sauvegarde pendant un an. « Ça nous a permis de geler nos dettes, donc de garder de la trésorerie pour essayer de trouver une solution de redémarrage », éclaire l’entrepreneuse, qui a dû se séparer de 34 salariés le mois dernier, après des semaines de chômage technique. « Ça nous a coûté près de 200 000 €. » Aujourd’hui, il ne reste plus que deux employés sur le site de Boofzheim, dans le Bas-Rhin. Ils s’occupent de la ferme et de ses 50 vaches laitières. Leur production est collectée par la coopérative
Biolait. En attendant d’autres solutions… Comme la mise aux normes de l’atelier actuel pour une reprise, comme avant ? Impossible, répond Solène Durr. « Il faudrait plusieurs millions d’euros d’investissements. On avait pensé le faire avant la contamination mais on avait été pris par le flux. Là, on a d’abord cherché un sous-traitant pour transformer notre lait, sans trouver. Ensuite, on a voulu louer des locaux vides mais il n’y en avait pas de disponibles en Centre-Alsace, ou seulement à vendre. »
Contre le «bio-business»
La ferme Durr s’est engagée dans une troisième voie. « On envisage de s’associer avec un partenaire, un entrepreneur alsacien déjà actif dans l’agroalimentaire, annonce la trentenaire. Il y a certaines valeurs auxquelles je tiens, comme le bien-être animal. Le bio-business n’aurait pas de sens. Je ne veux pas vendre mon âme. » Quid du nom des éventuels futurs produits? «Je ne redémarrerai pas sous un autre nom. On a encore des gens qui sont attachés à la ferme Durr », assène la fille du pionnier du bio en Alsace.